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pourrait suggérer des mesures qui conviendraient à telle partie de l’Empire et non à telle autre ; il n’en résulterait que des frottemens ; mieux vaut laisser les Hauts-Commissaires à leur rôle officieux d’aujourd’hui, grâce auquel ils peuvent, dans des conversations confidentielles, résoudre bien des difficultés entre la métropole et les Dominions. Le Premier canadien entraîna son collègue d’Australie, qui insista sur les inconvéniens d’une organisation trop rigide, trop officielle, et la commission consultative de M. Harcourt fut enterrée avec les mêmes honneurs que le Parlement impérial de sir Joseph Ward.

Après avoir fait échouer tant de propositions impérialistes, sir Wilfrid Laurier a cependant fait adopter une résolution qu’il ne convient pas de traiter trop légèrement. Elle porte :


Qu’une Commission royale sera nommée, en vue de procéder à une enquête sur les ressources naturelles de chaque partie de l’Empire représentée à cette conférence, le développement qu’elles ont atteint ou peuvent atteindre, les facilités qu’elles offrent à la production, à l’industrie, aux communications, le commerce de chaque partie avec les autres et avec le monde extérieur, les besoins de chacune en articles alimentaires et matières premières, et les sources d’où l’on peut tirer ces denrées ; ainsi que sur la mesure dans laquelle le commerce entre ces diverses parties de l’Empire est influencé favorablement ou non par la législation en vigueur, et les moyens, compatibles avec la politique fiscale de chaque partie, par lesquels ce commerce pourrait être amélioré et étendu.


Ce n’est pas, croyons-nous, une simple fiche de consolation que le Premier canadien a voulu donner aux purs impérialistes, après les avoir un peu malmenés. Les commissions, dans l’Empire britannique, ne sont pas toujours des cimetières. Beaucoup ont abouti à des résultats pratiques. Celle-ci, qui va parcourir tous les Dominions, qui recueillera une foule de dépositions, dont le rapport sera répandu à travers tout l’Empire, aura d’abord le mérite d’attirer l’attention de tous sur l’importance des intérêts communs. Elle aura sans doute aussi pour conséquence des mesures législatives simples, de nature à améliorer les communications, à faciliter l’émigration, à rendre les transactions plus sûres et plus aisées, à resserrer les liens économiques et sociaux entre les diverses portions de l’Empire. C’est un de ces procédés modestes en apparence, mais susceptibles de conduire à de grands développemens, qui plaisent à l’esprit anglais, que sir Wilfrid Laurier, Français de pure race, connaît pourtant si bien.