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Le 13 janvier 1908, la Banque impériale d’Allemagne ramenait son taux d’escompte de 7 1/2 à 6 1/2 ; le 10 janvier, la Banque d’Angleterre réduisait le sien de 6 à 5 pour 100 ; une semaine plus tard, elle descendait à 4 pour 100, en même temps que la Banque de France revenait au taux de 3 pour 100, presque invariable au cours de la dernière décade. Pour la première fois depuis longtemps, le bilan des banques new-yorkaises indiquait un excédent de réserve de 30 millions de francs au-delà du chiffre légal. Huit jours plus tard, cet excédent était de 115 millions de francs, le plus fort qui eût été enregistré depuis le 28 janvier 1905. Le taux des avances sur le marché de New-York était aux environs de 2 pour 100. Le total des certificats de Chambres de compensation, dont la circulation avait atteint un moment 500 millions de francs, était réduit à une quarantaine de millions. Les banques dépositaires des fonds du Trésor n’attendaient même pas l’invitation du secrétaire d’Etat pour les restituer et les renvoyaient d’elles-mêmes à Washington. Le syndicat des banquiers qui, au plus fort de la crise, avait pris des bons de la Ville de New-York, exerçait l’option qui lui avait été accordée sur d’autres quantités de ces mêmes titres. Tous les symptômes concordaient à démontrer que le danger était passé et que le monde des affaires pouvait se remettre au travail. Néanmoins, les déclarations répétées du président Roosevelt, les poursuites exercées contre certains trusts ne laissaient pas que d’entretenir une certaine inquiétude parmi les financiers et les industriels. Cette inquiétude devait être réveillée quatre ans plus tard, avec une vivacité singulière, par les agissemens du président Taft.

La crise de 1907, en Amérique, a été avant tout une crise financière. Les sources vives de la prospérité publique n’étaient pas atteintes : les agriculteurs avaient eu d’excellentes récoltes, qui ont permis aux exportations d’atteindre des sommes élevées ; grâce à ce fait et au ralentissement marqué des importations de marchandises pendant et après la crise, les ressources monétaires du marché de New-York se sont rapidement accrues. L’industrie a dû se restreindre parce qu’elle n’a pas trouvé, pendant plusieurs mois, les capitaux dont elle avait besoin ; la métallurgie en particulier, en face de l’arrêt presque complet des commandes des chemins de fer, a éteint une partie des hauts fourneaux. Les chemins de fer à leur tour ont vu leurs recettes