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diminuer, mais dans une proportion moindre qu’on n’aurait pu le redouter, témoignant de leur vitalité et donnant l’assurance que leur progrès ne tarderait pas à reprendre la marche ininterrompue à laquelle ils nous ont habitués de longue date. Qu’est-ce donc réellement qui avait déterminé la crise ? C’était le fait que les besoins d’argent d’un certain nombre d’entreprises, spécialement celles de chemins de fer, avaient marché plus vite que l’accumulation des capitaux par l’épargne. Les Américains du Nord sont de grands dépensiers : ils avaient gagné énormément au cours des années précédentes, mais ils avaient consacré une bonne partie de leurs bénéfices à l’acquisition de produits européens, en particulier d’objets de luxe. Sans tenir compte de ce fait, les promoteurs des entreprises ne cessaient de faire appel au public et de lui offrir des milliards d’actions et d’obligations nouvelles. Un grand nombre de ces titres ne furent pas pris par les capitalistes, et restèrent aux mains de spéculateurs, qui essayèrent de les conserver, en empruntant ; |mais, à un moment donné, ils ne furent plus en mesure de fournir les garanties additionnelles que la baisse rendait nécessaires, ni de supporter les taux d’intérêt excessifs qui leur étaient demandés. Ceci déchaîna le cataclysme. La panique éclata et se déroula de la façon que nous avons décrite. Mais une fois l’orage passé, quand les titres eurent changé de mains, on s’aperçut que les élémens de la production restaient intacts, et on retrouva à la fois ardeur et courage. Telle est l’énergie du tempérament américain, que cette reprise fut assez rapide pour inquiéter les observateurs prudens et leur faire redouter un nouveau recul, provoqué par la vivacité du mouvement en avant. Néanmoins, depuis 1907, il n’y a plus eu sur le marché de New-York de tension monétaire qui ait rappelé, même de loin, celle de cette époque.


II. — LA CRISE DE 1907 EN EUROPE

La crise de 1907 a été essentiellement américaine ; c’est elle qui fut en partie responsable des événemens auxquels nous avons assisté en Europe pendant la même période. Néanmoins, des exagérations avaient été commises également de notre côté ; elles auraient amené une réaction, alors même que les troubles américains ne se fussent pas produits. Il existe d’ailleurs une