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Londres, pour l’acquisition d’une somme importante de lingots d’or, en dépit d’un change très défavorable à l’Allemagne, qui rendait cette opération presque inexplicable : on en conclut que la Banque de l’Empire à Berlin sentait venir l’orage et voulait à tout prix renforcer son encaisse. Le 15 août, la Banque d’Angleterre éleva son escompte de 4 à 4 1/2.

Vers la fin de septembre, les exportations d’or pour l’Egypte et l’Amérique du Sud prirent de l’importance. Ce ne fut toutefois que le 31 octobre que la Banque d’Angleterre, sous l’empire des nouvelles de New-York et des énormes demandes d’or qui se produisaient de ce côté, se décida à élever son escompte de 4 1/2 à 5 1/2 pour 100. Quatre jours plus tard, le 4 novembre, elle passait à 6 et, le 7 novembre, à 7 pour 100, c’est-à-dire à un taux qu’elle n’avait plus mis en vigueur depuis l’année 1873. C’était le moment où, sous le coup de la panique américaine, toutes les grandes banques d’Europe prenaient des mesures défensives, et s’efforçaient de protéger leur encaisse contre les demandes pressantes qui venaient, directement ou indirectement, de New-York. La réserve de la Banque d’Angleterre était tombée à 35 pour 100. A la fin de novembre, la détente commença à se manifester à Londres, grâce à l’action du gouvernement japonais qui, ayant reçu de la Russie environ 120 millions de francs, les avait prêtés au marché anglais ; grâce au fait que le gouvernement indien avait mis en circulation 50 millions d’or enfermés auparavant dans ses réserves ; grâce enfin aux arrivages de métal jaune expédiés de divers points du monde et qui compensaient les retraits américains. Le 12 décembre, la proportion de la réserve aux engagemens était remontée à 47 pour 100. A la fin de l’année, la demande d’argent était encore active dans la Cité : l’Allemagne et l’Amérique se disputaient les arrivages d’or, à peine débarqués dans les ports anglais, et la réserve de la Banque retombait à 40 pour 100.

La crise n’en touchait pas moins à sa fin, bien que les effets s’en fissent sentir avec une recrudescence d’intensité dans les derniers jours d’une année fertile en péripéties. Dès le 2 janvier 1908, la Banque d’Angleterre réduisait l’escompte à 6 pour 100 ; elle y était encouragée par les nouvelles de New-York, où l’argent affluait de tous les points de la Confédération, où la prime sur le numéraire avait disparu et où la position des Banques associées s’était fortifiée. Le 16 janvier, le taux officiel baissait à 5, tandis