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1 300 000 tonnes de houille, au lieu de 789 000 pendant la même période de 1906. Mais les marchés financiers présentaient des symptômes de fatigue. Les émissions de valeurs mobilières ne s’étaient élevées qu’à 1 750 millions de francs pendant le premier semestre de 1907, au lieu de 2 400 millions au cours des six mois correspondans de 1906. Plusieurs banques hypothécaires s’étaient vues obligées d’élever de 4 à 4 1/2 l’intérêt de leurs lettres de gage, dont le public ne voulait plus qu’à ce dernier taux. L’Empire et les États confédérés avaient dû revenir au type 4 pour 100, après avoir émis du 3 1/2 et même du 3 pour 100. Les bons du Trésor ne se plaçaient qu’à 4 pour 100.

Le 29 octobre, la Banque de l’Empire éleva son escompte à 6 1/2. Ce fut le signal d’une baisse générale des rentes et des valeurs industrielles. De 1904 à 1907, le cours des fond s d’Etat allemands avait déjà rétrogradé de plus de 10 pour 100, et la perte en capital, résultant de ce chef pour les porteurs, atteignait 2 milliards de francs. Dans les premiers jours de novembre, la Reichsbank porta son escompte à 7 1/2 pour 100, taux qu’elle n’avait encore jamais mis en vigueur depuis sa fondation. Le taux de 7 pour 100 lui-même n’était apparu que deux fois, en décembre 1899 et en décembre 1906, et n’avait été maintenu, dans les deux cas, que pendant quelques semaines. En même temps que la baisse des valeurs à la Bourse s’accentuait, des faillites retentissantes mettaient le monde financier en émoi. Les prix du fer et de l’acier reculaient vivement. La statistique du commerce extérieur accusait en octobre, pour la première fois depuis plusieurs années, un recul d’environ 700 000 tonnes par rapport au mois correspondant de 1906. A la fin de novembre, la circulation de la Reichsbank dépassait de 150 millions de francs celle de l’année précédente ; près de 200 millions de billets payaient l’impôt. Le mois de décembre fut une période de grand malaise : en prévision de la fin de l’année et du resserrement d’argent qu’elle ne manque jamais de provoquer, les acheteurs de titres consentirent à payer jusqu’à 9 pour 100 pour le report de leurs positions.

Au début de l’année 1908, le gouvernement prussien fit un appel au crédit en émettant un emprunt 4 pour 100 destiné à devenir du 3 3/4 au bout de 10 ans et du 3 1/2 au bout de 15 ans. C’était un type nouveau, qui étonna quelque peu le marché ; l’opération fut facilitée par la réduction à 6 1/2 du