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millions. C’est chez nous que le déficit agricole avait été le plus sensible : c’est la Banque de France qui a été le plus mise à contribution.

En dépit de cette situation, l’activité financière fut considérable à Paris pendant le premier semestre de 1911. L’escompte restait à bon marché : 3 pour 100 à la Banque de France, 2 pour 100 sur le marché libre. Le taux des reports, c’est-à-dire le loyer des capitaux prêtés aux acheteurs désireux de prolonger leurs engagemens, et d’attendre la hausse sans prendre livraison des rentes ou des actions acquises par eux, restait également modéré. Aussi les banques et les établissemens de crédit faisaient-ils bon accueil aux demandes qui leur étaient adressées de toutes parts, par des gouverne mens, des municipalités, des sociétés françaises ou étrangères. Le chiffre des émissions lancées sur les marchés de Paris et de province, de janvier à juin 1911, fut considérable ; mais toutes n’eurent pas un égal succès. A mesure que l’année avançait, les conséquences de la mauvaise récolte de 1910 apparaissaient plus clairement. Chacun se hâtait d’apporter son papier sur le marché avant la période des vacances, que l’on sentait devoir clore 1ère des souscriptions faciles et des placemens rapides. Les républiques de l’Amérique du Sud trouvèrent des syndicats bénévoles qui leur achetèrent des fonds d’Etat, des lettres de gage, des valeurs industrielles, des actions de banques, mais qui ne réussirent pas à les revendre au public. Le point culminant de cette période, celui que tes Anglais appellent le turning point, fut l’émission de l’emprunt argentin 4 1/2 pour 100 de 350 millions de francs, dont la souscription fut ouverte le 6 juillet 1911, au moment même où M. de Kiderlen-Waechter envoyait la Panther jeter l’ancre devant Agadir. En dépit du patronage d’un de nos premiers établissemens de crédit, les souscripteurs furent rares, et la plus grande partie de l’emprunt resta entre les mains du syndicat qui s’en était chargé.

Depuis lors, aucun appel, pour ainsi dire, n’a été adressé au public français, au cours de l’été et de la première moitié de l’automne : l’attention des financiers a dû se concentrer d’une part sur les obligations contractées par eux vis-à-vis de l’étranger, du chef des titres qu’ils ont encore à lui payer, d’autre part sur la situation des marchés indigènes, des bourses, et surtout de celle de Paris, où, comme toujours à la suite d’une