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d’un travail sagement ordonné. Il est vraisemblable que ce litige ne durera pas : avec une usine comme celle de Corral, la première de ce genre dans toute l’Amérique du Sud (elle pourra donner 45 000 tonnes de fonte par an), le Chili sera maître, non seulement de pourvoir à ses propres besoins, économiques et militaires, mais encore d’intervenir sur tous les marchés voisins du fer et de l’acier.

Le fer traité à Corral vient des mines beaucoup plus septentrionales de Coquimbo, par mer ; les frets, assurément, sont moindres qu’ils ne seraient par terre, mais cette voie maritime peut être coupée en temps de guerre ; le Chili ne sera vraiment capable de défendre et d’exploiter librement tout son territoire, que lorsque ses communications seront assurées par un chemin de fer intérieur, lié aux principaux ports. Ce chemin de fer longitudinal n’existe actuellement que dans la partie centrale ; au Nord, il ne s’avance pas beaucoup plus loin que la latitude de Valparaiso ; il vient d’inaugurer (octobre 1911) sa dernière section méridionale entre Osorno et Puerto Montt, et arrive ainsi au seuil des archipels du Sud, à 1 080 kilomètres de Santiago. Le longitudinal, qui est à voie large d’Espagne (1m, 68), doit être prolongé vers le Nord, pour se souder aux réseaux miniers, isolés dans les provinces septentrionales ; le projet présentement adopté comporte la voie de 1m, 68 jusque dans le district de Coquimbo,, et la voie de I mètre au-delà ; il établira la liaison avec les lignes internationales d’Antofagasta et d’Arica en Bolivie ; une fois complet, il serait, sur 3 500 kilomètres, un tronçon du chemin de fer panaméricain, projeté au Congrès de Washington (1890), des capitales du Canada et des Etats-Unis à celles de l’Amérique australe. Parallèlement à l’œuvre du chemin de fer, le Chili doit poursuivre l’outillage de ses ports ; il est encore fort loin du but ; les travaux seront longs et coûteux, même si l’on y apporte beaucoup de persévérance ; la côte plonge à pic dans la mer profonde ; à Valparaiso, la sonde descend à 70 mètres, très près du rivage.


IV

On voit combien vaste et nécessairement dispendieux sera cet ensemble d’innovations, dont nous nous bornons à esquisser