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LE MIRACLE HELLÉNIQUE

I
L’APOLLON DE DELPHES ET LA PYTHONISSE


I. — LE NŒUD GORDIEN

Le rôle de la Grèce dans l’évolution humaine se résume en l’idée maîtresse qu’elle a fait reluire sur le monde. Cette idée peut se formuler ainsi : L’œuvre hellénique fut la plus parfaite réalisation du Divin dans l’Humain sous la forme du Beau. A travers elle, nous contemplons l’incarnation puissante de cette beauté divine et son expression harmonique dans la civilisation comme dans l’art. Nous vivons encore des débris de cette œuvre et des reflets de cette idée, mais en connaissons-nous l’origine et toute la signification historique ? En d’autres termes, savons-nous rattacher d’un lien organique cette révélation à celles qui la précédèrent et à celle qui la suivit ? A cet égard, la Grèce a une situation unique et un rôle capital. Elle marque la transition entre l’ancien cycle des religions polythéistes et le christianisme. C’est le nœud gordien où s’enroulent tous les fils secrets qui courent de l’Asie à l’Europe, de l’Orient à l’Occident. Avons-nous débrouillé cette quenouille ? Avons-nous seulement pénétré jusqu’au fond du sanctuaire ? Malgré nos fouilles et nos découvertes, nous sommes trop loin de ce monde et de ses radieux mystères. Hélas ! le charme est rompu, le sourire des dieux épandu sur le monde comme une aurore pourprée s’est évanoui. Jamais depuis, aucun peuple ne l’a revu, jamais les hommes n’ont retrouvé ce merveilleux équilibre entre l’âme et le corps, cette exquise