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règne de François Ier avait commencé la mode des murs en fonds de briques, avec encoignures et croisées de pierre blanche, qui caractérisèrent le « style Louis XIII ; » mais cette construction, propre aux châteaux, n’avait rien d’économique et ne fut jamais populaire. Elle exigeait un mortier trop fin.

Or la chaux, la simple chaux grasse des campagnes, que repoussent nos architectes et que remplacent chaque jour davantage la chaux hydraulique et le ciment, se payait jadis le double de son prix actuel. Pour les bâtisses vulgaires, on se servait exclusivement d’argile délayée dans l’eau. Dans les villes mêmes on se contentait souvent de « terre à maçonner » payée de 5 à 6 francs le mètre cube. Pour la chaux d’ailleurs, on constate des écarts incroyables d’un lieu à un autre, depuis 1 fr. 50 l’hectolitre à Tours et en Lorraine, jusqu’à 8 francs à Dunkerque, 11 francs à Nîmes et 22 francs à Marseille. Aux dernières années de la monarchie, où la chaux était plus répandue et à bien meilleur marché qu’aux âges antérieurs, les prix variaient encore du simple au double à Paris et du simple au triple entre l’Auvergne et le Berry.

A défaut de bons mortiers, on faisait les murs plus épais ; ils tiraient la solidité de leur masse et, comme le mur de 1 mètre ou lm, 50 n’exigeait pas deux ou trois fois plus de travail que deux ou trois murs de 0m, 50, puisqu’il ne comportait que deux paremens, au lieu de quatre ou de six, on obtenait des maçonneries à 6 fr. 25 le mètre cube en des localités où les matériaux étaient en abondance et où la façon n’était pas comptée plus d’un franc le mètre.

Les prix anciens de la maçonnerie dépendaient beaucoup de cette différence d’épaisseur : à Fontainebleau (1528) où les murs du château de 1m, 45 de large, ne se payaient que 12 fr. 35 le mètre superficiel, le mur des jardins, bien que quatre fois et demie moins épais, — 32 centimètres, — valait cependant 4 francs ; chiffre d’ailleurs modique, puisque La Trémoïlle payait sur le pied de 6 francs la clôture de sa vigne, à la Ville-l’Evêque (1396), et Marie de Médicis 11 francs celle de son parc du Luxembourg (1625).

Le prix courant, en bonnes pierres, était de 11 à 12 francs le mètre cube en province ; à Paris (1703) les murs de 55 centimètres seulement étaient cotés 12 fr. 50, presque aussi cher que nos entrepreneurs de la capitale demandent, en 1912, pour une