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bâtisse de moellons ou de meulières avec mortier de chaux hydraulique.

Il se faisait du reste fort peu de murs à Paris : « La construction des maisons particulières en pans de bois y est presque universelle, » dit le Mémoire des Intendans (1701). Pour les préserver du feu, on les recouvrait de 2 à 3 centimètres de plâtre, en dehors et en dedans ; la charpente était à bon marché et le bon plâtre était fort cher, de sorte que l’économie par rapport aux moellons était mince, mais le propriétaire gagnait ainsi du terrain ; or il y avait à Paris bien des maisons qui n’avaient pas 4 mètres de profondeur. C’est même à celles-là que l’édilité prétendit au XVIIIe siècle restreindre l’usage des pans de bois, tout en leur permettant de s’élever jusqu’à 16 mètres de hauteur.

Vers 1675 les plafonds recouverts de plâtre remplacèrent les grosses poutres apparentes, sans que pourtant le plâtre eût beaucoup baissé : l’hectolitre, dont le prix actuel est de 1 fr. 70, coûtait sous l’ancien régime 4 à 6 francs et l’on ne s’en procurait pas toujours à discrétion : le Comte de Provence, qui en manquait pour son château de Brunoy (1781), s’adressait au lieutenant de police afin d’obliger les voituriers à marcher de force et payait 624 francs la maréchaussée qui escortait ces convois.

Dans l’ensemble de la France, au moyen âge, le plâtre s’était en général vendu le triple de ce qu’il vaut de nos jours ; mais le bois était à moindre prix. Suivant l’abondance des forêts dans la région, suivant sa qualité, son essence et l’usage auquel il était destiné, le mètre cube de bois d’œuvre pouvait dépasser 100 francs ou descendre jusqu’à 20 francs. Il avait beaucoup diminué au XVe siècle, par rapport aux prix antérieurs, — de 60 à 40 francs, — pour remonter au XVIe siècle. Les fûts superbes, d’où l’on tirait ces charpentes de cathédrales ou de châteaux, encore intactes aujourd’hui, dont nous admirons le savant édifice, n’étaient pas si communs que la vaste surface du sol boisé permettrait de le supposer. La preuve, c’est le haut prix qu’atteignaient certaines forêts bien aménagées, comme celle de Clermont (Oise), où la coupe rapportait 3 000 francs l’hectare en 1533, chiffre qui passerait pour très avantageux de nos jours. Nous ne savons combien de terrain représentent les 100 pieds d’arbres que le cardinal de Bourbon obtient de