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V

Les locataires actuels ont plus d’exigences, pour des loyers inférieurs : ils ne veulent dîner ni dans leur cuisine, ni dans leur antichambre, et ne se contenteraient plus, comme le bourgeois de Paris sous Louis. XV, d’avoir dans la cour, à côté du puits à margelle, un « cabinet et siège d’aisance » adossé au mur et couvert en tuiles. La décence d’alors ne redoutait pas le plein air : dans les cabarets élégans, où la meilleure compagnie se donnait rendez-vous pour souper, les cliens qui « ont envie de quelque chose, » nous dit le comte de Caylus, vont au jardin et, sans distinction de sexe, se rencontrent dans un coin au clair de la lune.

Un détail assez digne de remarque est que les « privés », intérieurs, qui apparaissent vers la fin du XVIIIe siècle comme une nouveauté, sous le nom de « lieux à l’anglaise » que l’on ne manquait pas de mentionner dans les appartemens offerts avaient été usités durant tout le moyen âge et jusqu’au XVIe siècle. Au château de Saint-Germain, il y avait des « retraits communs, avec sièges en maçonnerie de brique, » dédies à la foule des courtisans qui d’ailleurs négligeait de s’y rendre, — il avait fallu mettre des cloisons en plâtre, pour empêcher que « des galetas on ne puisse faire ordure au haut des escaliers à vis. »

En outre, dans les appartemens du Roi, de la Reine et des personnages de distinction, étaient ménagés des retraits particuliers que nous décrivent les Comptes des Bâtimens : celui de Diane de Poitiers, contigu à sa garde-robe, consistait en une tranchée faite dans le mur, remaçonnée ensuite, et éclairée par une petite lucarne à treillis de fer. Celui de Catherine de Médicis n’était pas plus compliqué. L’entrepreneur insiste toujours sur ce que la maçonnerie a été bien étoupée et le siège soigneusement « enduit tout à l’entour, afin doter la senteur dudit retrait, » comme il est dit pour celui que « Monseigneur de Saint-André », — le maréchal d’Albon, — devait avoir dans sa chambre.

Mais il est vraisemblable que ces « étoupemens » étaient vains, qu’ils n’ont jamais réussi à préserver les logis des Valois d’émanations insupportables, et que l’on regarda comme un