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communauté et la contiguïté de terres appartenant les unes à des paysans, les autres à des propriétaires particuliers.

Les deux premiers cas ont eu pour cause l’attribution d’un nadiel commun aux paysans de deux ou plusieurs villages voisins, lorsqu’ils se trouvaient être serfs du même seigneur, au moment de la réforme. Quant au troisième cas, il s’explique par l’utilité d’attribuer un nadiel commun aux anciens paysans des domaines de l’Etat par suite de la situation complexe dans laquelle se trouvaient ces nouveaux propriétaires. De pareilles concessions de nadiels eurent lieu très fréquemment, et la formation de communes comprenant une dizaine de villages, ou même davantage, n’est pas exceptionnelle. L’importance des territoires passés ainsi en possession commune de plusieurs villages, et l’antagonisme de leurs intérêts respectifs rendaient très difficile la répartition des lots entre les paysans des villages réunis. Celle-ci présentait les plus graves inconvéniens et causait d’interminables disputes ; il en résultait, le plus souvent, un morcellement exagéré, une dispersion infinie des parcelles de chaque feu, dont les terres arables se trouvaient forcément éloignées du lieu d’habitation.

Les mêmes inconvéniens se firent sentir dans les grands villages, composés de centaines et, parfois, de milliers de feux. La formation de ces villages a eu lieu surtout dans les gouvernemens du Midi (gouvernemens des steppes) où le manque d’eau de surface rend malaisé le choix d’emplacemens pour les habitations.

Ajoutons que l’enclavement des terres des paysans dans celles de leurs anciens seigneurs et dans les domaines de l’Etat avait pour cause l’insuffisance du personnel (géomètres, arpenteurs, etc.) ; qu’en outre, on ne voulait pas apporter de trop brusques changemens aux modes d’exploitation en usage.

D’autres circonstances démontrent encore la nécessité d’une réorganisation agraire ; elles sont, en partie, la conséquence de la réforme de 1861, ou se sont manifestées plus tard. En tout cas, la nouvelle réforme agraire a surtout pour objet la suppression des difficultés que rencontrent dans l’exploitation de la terre, soit les communes entières, soit leurs membres séparés.

Le travail du sol peut être gêné non seulement dans la commune, dans le mir, dont les membres jouissent de leurs terres en commun, mais encore dans la commune à feux héréditaires.