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sont enclavées dans le domaine communal, et par suite forcément destinées à servir de pâturage au troupeau commun.

Ainsi, l’initiative d’un paysan, même si elle s’exerce sur les objets les plus restreints, ne saurait aboutir à des résultats vraiment utiles que par l’éducation préalable de tous les propriétaires des terres contiguës à la sienne. Il ne suffirait pas à un paysan novateur de gagner à sa cause un groupe plus ou moins important de membres de sa commune. Leurs efforts réunis n’aboutiraient qu’à d’inutiles sacrifices matériels et ne seraient que peine perdue, attendu que les inconvéniens signalés subsisteraient, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Seul l’accord d’une majorité écrasante des propriétaires pourrait garantir la réalisation de l’idée conçue par un individu isolé.

C’est une difficulté presque insurmontable que de vouloir conduire dans une même direction toute la masse des paysans ; même en admettant la réussite, pour des cas exceptionnellement rares, des efforts aussi héroïques n’amènent qu’une amélioration isolée du mode de culture ; chaque pas en avant, tendant à modifier l’exploitation, exige de nouveau l’entraînement de la masse entière. Cette voie compliquée de transformation, pour chaque exploitation séparée, ne peut avoir de portée pratique ; l’initiative d’un individu se heurte aux obstacles rencontrés, et le plus avisé des paysans ne saurait finalement se soustraire à la routine érigée en principe.

Dans les mirs où la terre est exploitée en commun, l’influence des anciennes méthodes de culture est encore plus marquée que dans les communes à feux héréditaires. Les parcelles attribuées aux feux de la commune ne sont pas leur propriété ; et le mir a le droit d’effectuer de nouveaux partages du nadiel, entre les membres de la commune, en agrandissant ou en diminuant la part de chaque feu, d’après la base de partage admise par les usages locaux ; il peut même faire passer tout paysan d’un endroit donné du nadiel à un autre complètement opposé.

De cette façon, tout membre de la commune n’est pas seulement gêné dans l’exploitation de sa terre, mais de plus cette exploitation n’est pour lui que temporaire ; lors d’un nouveau partage, il risque de perdre son lot, pour un autre qui est souvent de dimensions différentes. Par conséquent, tandis que, dans