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courant des années qui suivirent. Les unes devaient assurer aux paysans isolés la possession, en propriété individuelle, des parcelles revenant à chacun dans la commune, réunies en lots d’un seul tenant ; elles devaient encore leur faciliter l’acquisition de terres situées en dehors du nadiel ; les autres se proposaient de créer sur place des institutions spécialement chargées du soin de la réorganisation agraire.

Parmi les mesures de la première catégorie, la plus importante fut la suppression, par l’oukase du 3 novembre 1905, des versemens en retard pour le rachat des terres du nadiel. Ces versemens furent provisoirement réduits de moitié, pour l’année 1906 ; à partir du 1er janvier 1907, ils furent définitivement supprimés.

Cette mesure, en outre de l’allégement qu’elle apportait au fardeau fiscal, supprimait toute raison d’être au droit, pour la commune rurale, de restreindre les paysans dans l’agencement de leurs terres. D’autre part, l’oukase du 12 mars 1903 avait supprimé la garantie mutuelle et, avec la suppression des versemens complets du rachat, la connaissance des règlemens généraux se répandait sur les nadiels.

D’après ces règlemens, fixés pour les terrains acquis en propriété individuelle par des paysans, tout membre du mir a le droit d’exiger que, de la terre acquise en commun, on lui sépare, en propriété individuelle, un lot proportionnel à sa participation dans l’achat de cette terre. Si cette séparation apparaît incommode ou irréalisable, la commune a la faculté de désintéresser en argent, à l’amiable ou par taxation, le paysan désireux de la quitter. (Art. 30 des Règlemens généraux, 19 février 1861.)

Mais pour la réalisation de ce droit, existant sans conteste depuis le 1er janvier 1907, le paysan qui voulait se séparer de la commune rencontrait de très sérieuses difficultés. En raison de la confusion des comptes tenus pour les versemens du rachat, et par suite des changemens continuels survenus dans le partage de la terre entre les feux, il ne fut pas possible de fixer exactement le montant des versemens effectués par chaque membre de la commune et, en conséquence, il devint également impossible de savoir à quelle surface de terrain chacun pouvait prétendre en propriété individuelle. De plus, le paysan membre d’une commune, qui voulait acheter du terrain dans une autre