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Si tu savais dans quel désarroi d’emménagement de logement, nous avons été, et si tu nous voyais campés sur quatre planches assemblées au beau milieu d’une chambre où il n’y avait rien que des punaises, avec quatre chaises et deux tables prêtées par les Fournier ! Il n’y a que nous pour vivre ainsi sur un pied. On dirait que Marie a passé toute sa vie au bivouac.

Bonne nuit, cher. L’important, c’est que nous nous portions bien, et que nous vous chérissions. Bonne nuit, ma mère bien-aimée, mille tendres baisers pour vous deux. A demain.

EUGENE.


Au même.


Blidah, 29 août 1853.

Cher bien-aimé frère, voici non pas la suite, mais le commencement logique des Notes

Il y aurait trois parties : 1° de Médéah à Laghouat ; — 2° Laghouat ; — 3°, et comme accessoire, Aïn-Mahdy. Aïn-Mahdy tout seul ne signifie rien, il nécessite pour l’intelligence des choses une foule de détails qui ne sont bien placés qu’au début ; venant après, il peut se simplifier beaucoup et gagner par là. D’ailleurs, c’est à faire, il faut attaquer cela avec plus d’entrain. Appuyé sur autre chose, il y a le contraste à faire mieux saillir, c’est glacé.

Je crois que tu seras plus content de ceci ; je sens tout ce qu’il y manque, mais pour le moment, je n’ai pu faire mieux. C’est un peu trop coupé par tableaux. Venant de moi, je n’ai pas craint de trahir cette intention réelle de procéder en peintre. Il y a, je crois, pourtant, un peu plus d’enveloppe, et surtout une ardeur de plus. Je désire que certaines parties te remuent un tout petit peu le cœur, comme elles me l’ont fait à moi en l’écrivant.

Tu verras s’il n’y a pas trop je, — j’ai pourtant veillé à ce que le moi ne fût pas embêtant, — si quelquefois, il n’y a pas un peu de flon-flon : j’ai une peur affreuse de la fanfare à propos de trop peu, comme des gens qui parlent trop haut ; — si enfin le début de Médéah ne fait pas hors-d’œuvre ; je ne crois pourtant pas, à cause de l’à-propos.

Je t’abandonne enfin les fautes de français, les répétitions de mots, etc. Nettoie cela du mieux possible. Je voudrais que