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de suite, les points où l’accord était possible sans porter préjudice, soit aux lois de l’État, soit aux principes de l’Eglise, et c’était déjà un assez vaste terrain. D’un concordat, il ne pouvait être question ; mais cependant, continuait-il, « si de part et d’autre la volonté loyale existe, d’arriver à une paix, on pense, — et c’est une opinion très répandue, — que la paix peut venir vite, qu’elle sera là, peut-être, dans quelques semaines. » Que d’ailleurs cet optimisme fût justifié, Falk, personnellement, n’en était pas très sûr ; il expliquait que le messager de la Curie, si pacifique fût-il, serait toujours porteur d’exigences de la Curie ; qu’une paix qui reposerait sur l’abdication de l’Etat serait précaire et mériterait d’être stigmatisée ; que le gouvernement ne s’occuperait pas de changer les lois, avant que l’avènement de la paix ne fût garanti, et qu’agir autrement passerait, devant l’opinion, pour un acte de faiblesse. Assurément, Falk ne cachait pas que la situation du gouvernement demeurait difficile ; que même parmi ses amis, certaines voix s’élevaient pour aspirer à la pacification ; que lui-même la désirait très instamment, oui, très instamment. « On voit dans le pays, confessait-il, beaucoup d’effets fâcheux du Culturkampf ; on voit des mesures qui peut-être ne devraient pas toujours être si rigoureuses, mais qui, dans les circonstances données, ne peuvent être que rigoureuses. » Mais il proclamait, sur un ton d’arrogante impénitence, que « précisément la possession des lois de Mai était pour le gouvernement une nécessité inévitable, s’il voulait, surtout, arriver sérieusement à une paix féconde. » Et son dernier mot avait l’allégresse et l’audace d’une devise : « Tenir bon, s’écriait-il, même contre le courant. » Serrant Falk de près, Windthorst lui répondait : La garantie que vous demandez pour rendre possible la conclusion de la paix, ce serait que le Centre se rendît à votre merci ; et Windthorst profitait du discours de Falk pour faire certaines déclarations et certaines distinctions qui visaient à trouver un écho, non point seulement dans la Chambre, non point seulement dans le peuple, mais à Rome.


Ma première déclaration, disait-il, celle pour laquelle je possède l’adhésion, non seulement, de mes collègues du Centre, mais de tous les catholiques de Prusse, la voici ; si le gouvernement et la Curie parviennent à un accord, nous saluerons cet accord d’un véritable Te Deum. Absolument et complètement, nous nous soumettons aux conditions de l’accord, même si nous pouvions croire que, par amour pour la paix, trop de concessions auraient été faites à l’Etat. Il ne doit, là-dessus, subsister aucun doute.