Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 7.djvu/682

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Certes, il y avait de quoi frapper l’opinion publique en France, et elle fut émue à bon droit. Toutefois, pendant des semaines et des mois, son émotion parut stérile ; on écrivit, on parla, on s’agita beaucoup, mais aucun résultat tangible n’apparaissait. Le ministère de la Guerre, chargé des destinées de notre flotte aérienne, semblait hésitant ; l’organisation de notre service d’aéronautique militaire était compliquée et incohérente ; il fallait, avant tout, le modifier, si l’on voulait aboutir à quelque chose. On se souvient de la vigoureuse intervention du docteur Reymond, à la tribune du Sénat, au mois de mars 1910 ; appuyé par son éminent collègue, le général Langlois, soutenu par l’unanimité de l’assemblée, il mit le ministre de la Guerre en demeure de compléter notre flotte aérienne en dirigeables, de favoriser les progrès de l’aviation naissante et l’utilisation militaire des aéroplanes, enfin, d’organiser d’une façon solide notre service aéronautique, en réunissant dans une même main toutes les attributions alors enchevêtrées d’une manière inextricable.

Lorsque, au mois de septembre 1910, j’écrivais l’article auquel je fais allusion au début de celui-ci, ces invitations impératives n’avaient pas encore abouti à un résultat formel, mais on pressentait cet aboutissement. On savait que des commandes de dirigeables avaient été faites de divers côtés ; d’autre part, les exploits de nos officiers aviateurs, pendant le Circuit de l’Est et les manœuvres de Picardie avaient été une véritable révélation ; enfin, tout le monde disait que le service aéronautique militaire allait prochainement être unifié et fortement organisé. Je pouvais donc terminer mon article par des paroles d’espoir, et annoncer que, si nous venions de traverser une crise, nous étions sur le point d’en sortir à notre honneur. Ces heureuses prévisions se sont-elles réalisées ? C’est ce que je voudrais examiner aujourd’hui.


I

Au point de vue administratif, le desideratum exprimé vigoureusement par le sénateur Reymond, — qui ne faisait d’ailleurs, en mars 1910, que formuler les aspirations unanimes de tous ceux qui avaient à cœur. le développement de notre aéronautique militaire, — est devenu une réalité.

Dans les derniers mois de l’année 1910, on créa, au ministère de la Guerre, l’Inspection générale permanente de