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que les avantages d’ordre secondaire dont nous parlions tout à l’heure. Mais, en attendant, on ne peut que répéter l’aphorisme formulé il y a deux ans par M. Painlevé : « Abandonner les dirigeables serait une imprudence. »

D’ailleurs, si la France peut avoir la prétention légitime de marcher à la tête des nations au point de vue de la navigation aérienne, elle doit néanmoins regarder ce qui se passe à l’étranger. Or, les deux nations qui, après elle, sont incontestablement à la tête du mouvement, l’Italie et l’Allemagne, construisent des dirigeables et s’en servent journellement. Les Italiens viennent d’en envoyer en Tripolitaine, et nous avons incidemment signalé plus haut que c’était chez nos émules de ces deux nations que les dirigeables avaient obtenu les plus grandes vitesses.

D’après ce que j’ai pu savoir, c’est en Italie que l’on trouve les meilleurs spécimens de dirigeables militaires, qui, en particulier, sont étudiés d’une façon remarquable au point de vue de la rapidité dégonflement et d’arrimage : en vingt-quatre heures, un dirigeable peut être gonflé et mis en service, il peut dans le même temps être dégonflé et emballé. Nous ne pourrions peut-être pas en faire autant à l’heure actuelle, et si nous avons quelques perfectionnemens à prendre chez nos voisins, nous ne devons pas hésiter à le faire. Les officiers éminens qui dirigent en Italie le service aéronautique reconnaissent d’ailleurs hautement tout ce qu’ils doivent à nos ingénieurs et au colonel Renard en particulier, dont ils se proclament les élèves ; ne craignons pas de leur emprunter, à notre tour, ce qu’ils peuvent avoir de bon.

Je ne pense donc pas qu’on puisse reprocher à l’Inspection permanente militaire d’Aéronautique d’avoir gaspillé les deniers de l’État en commandant des dirigeables. Je serais plutôt tenté de lui faire le reproche inverse. D’ailleurs, en admettant même qu’on a eu tort de continuer en 1911 de construire des dirigeables, la responsabilité n’en incomberait pas à l’Inspection permanente, qui n’a fait que se conformer en cela aux votes du Parlement.


III

Une des critiques les plus souvent formulées contre notre marine militaire a été la diversité des types de nos bâtimens de