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juillet 1901), on aurait proclamé la supériorité du monoplan Blériot, qui venait de traverser la Manche. Un mois plus tard, au cours de la Grande Semaine de Champagne, on aurait successivement prôné le monoplan Antoinette, puis le biplan Farman. Les meetings d’aviation de 1910 semblaient, d’une manière générale, établir la supériorité des monoplans, et au Circuit de l’Est, au mois d’août de la même année, les triomphateurs furent deux monoplans Blériot : néanmoins, les biplans Farman et Sommer, entre les mains de nos officiers aviateurs, firent très bonne figure à la même époque, aux manœuvres de Picardie. En 1911, pendant les grandes épreuves Paris-Madrid et Paris-Rome, ainsi que pendant le Circuit Européen, les monoplans obtinrent les premières places ; mais fallait-il choisir des Blériot, des Morane, des Deperdussin ? On eût été embarrassé de le dire. D’ailleurs, un certain nombre de biplans figurèrent avec honneur dans les mêmes épreuves.

Lorsqu’il s’agit, comme dans ces concours, de récompenser une qualité unique, — la vitesse, — il est facile d’établir un classement ; mais, au point de vue militaire, il n’en est pas de même, et tel appareil moins rapide qu’un autre pourra être préférable au point de vue de la stabilité, de la facilité d’observation, etc. Que pouvaient faire en pareille occurrence les officiers chargés de constituer notre flotte d’aéroplanes ? S’adresser à tous les constructeurs d’appareils ayant suffisamment prouvé leurs qualités, et compter sur l’expérience qu’on acquerrait dans l’armée pour se prononcer sur la supériorité de tel ou tel modèle. C’est ce qu’on fit ; on acheta des Henri Farman, des Maurice Farman, des Sommer, des Bréguet, des Blériot, des Deperdussin, des Morane, des Nieuport, etc., et on les mit en service entre les mains des pilotes militaires. Je ne sais pas encore quelles conclusions on a tirées de cette expérience, qui sans doute n’est pas terminée et ne pourra l’être avant un an ou deux ; quoi qu’il en soit, les appareils militaires existans peuvent tous, entre les mains des habiles officiers aviateurs que nous possédons, rendre d’excellent services. De l’un à l’autre, c’est une question de nuance, et si l’on interroge les principaux intéressés, c’est-à-dire les pilotes militaires, la plupart d’entre eux prônent l’appareil dont ils ont l’habitude, ce qui prouve qu’aucun d’eux n’est foncièrement mauvais.

On a fait grand reproche à l’inspection permanente