Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 7.djvu/695

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

consolerais d’ailleurs assez facilement, car il ne serait pas difficile de la corriger l’année suivante, en modifiant la proportion des commandes à faire.


V

« Mais, disent certains adversaires de l’Inspection permanente d’Aéronautique, si celle-ci se résigne à commander des monoplaces, c’est la mort dans l’âme ; ses préférences sont pour les biplaces et même pour les triplaces. Elle a, en effet, dès sa création, annoncé, au mois de novembre 1910, un grand concours d’aéroplanes militaires ; ces aéroplanes devaient être capables d’exécuter un vol de 300 kilomètres sans reprendre le contact du sol, en emportant 300 kilogrammes de poids utile ; ils devaient en outre être disposés pour recevoir à leurs bord trois voyageurs, pilote compris. Ce que l’Inspection permanente recherche donc ce ne sont pas les aéroplanes légers et rapides, mais les gros appareils, véritables poids lourds de l’aviation. »

Les auteurs de ces critiques semblent oublier qu’ils sont, en même temps, des adversaires des dirigeables, et qu’ils proclament sur tous les tons que ceux-ci sont devenus inutiles et doivent être remplacés à bref délai par les. aéroplanes. Cela arrivera un jour, je n’en doute pas, mais à la condition que les aéroplanes puissent faire les mêmes choses que les appareils plus légers que l’air, et notamment qu’ils ne leur soient pas inférieurs au point de vue du rayon d’action et de la capacité de transport. C’est pour s’acheminer vers ce but à atteindre que l’Inspection permanente d’Aéronautique militaire a organisé le concours dont le programme a été publié il y a un an, et dont les épreuves ont eu lieu pendant les mois d’octobre et de novembre 1911.

Pourquoi a-t-elle cru devoir prendre celle mesure importante ? C’est que, dans l’aviation civile, on ne s’est guère préoccupé jusqu’ici que de la vitesse et de l’altitude, mais qu’on n’a pas éprouvé le besoin de s’orienter encore, d’une façon bien décidée, du côté des applications pratiques, c’est-à-dire des transports à grande distance. Si l’administration militaire avait attendu que l’industrie civile lui donnât l’aéroplane capable de suppléer au dirigeable, elle aurait sans doute attendu longtemps ; elle a donc agi très judicieusement en orientant les