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ballons libres, ballons captifs et cerfs-volans. On est tenté d’admettre généralement que, devant les progrès des dirigeables et surtout des aéroplanes, tous ces vieux engins sont complètement démodés et inutilisables. Il n’en est pas ainsi en réalité : rien ne supprime rien ; les chemins de fer et les automobiles n’ont pas fait disparaître les chevaux, mais le rôle de ceux-ci s’est simplement trouvé modifié.

Il en sera de même en aéronautique militaire ; les ballons libres ou captifs et les cerfs-volans pourront toujours être utilisés, mais pour des besoins restreints et différens de ceux auxquels doivent satisfaire les aéronefs proprement dits. Les ballons captifs et les cerfs-volans, s’ils ont l’inconvénient d’être peu mobiles, ont le grand avantage d’être constamment reliés au sol et de pouvoir transmettre instantanément, par téléphone, le résultat de leurs observations. Pour ce qui se passe dans un rayon de quelques kilomètres, et notamment pour le réglage du tir de l’artillerie, ils peuvent rendre ainsi de précieux services. Ils se complètent d’ailleurs mutuellement, car le ballon captif marche bien par les vents faibles, et le cerf-volant, au contraire, s’accommode des vents forts.

Les Italiens font, en ce moment, en Tripolitaine, la première application de l’aéronautique à la guerre. Ils ont, dès le début, envoyé des aéroplanes ; mais depuis, ils ont expédié des ballons captifs : ce qui prouve qu’ils ont reconnu l’utilité des uns et des autres.


IX

J’arrive, enfin, au dernier reproche adressé à l’Inspection permanente d’Aéronautique : c’est d’être complètement inféodée à l’arme du génie. Son chef, le général Roques, est en effet un ancien officier du génie, mais il faut bien qu’il provienne d’une arme quelconque. J’ai déjà eu l’occasion de dire que, depuis plusieurs années, et avant la création de l’inspection permanente, il avait eu à s’occuper d’aéronautique, et était par suite très au courant de la question. Il a, d’ailleurs, des états de service remarquables, s’est fait apprécier en Indo-Chine, au Dahomey et à Madagascar aussi bien qu’en France : c’est un officier général jeune, actif, dont personne ne conteste la haute valeur.

Il a tenu à affirmer, par la composition de son état-major,