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devait l’être, sur ces incidens regrettables et sur ce qu’il avait fait pour en obtenir réparation. Sa réponse a été telle, si ferme en ce qui concerne le rappel de notre droit, si amicale en ce qui touche l’Italie, que les applaudissemens ont été unanimes. Les socialistes unifiés eux-mêmes se sont associés au sentiment général, et la Chambre a donné le spectacle si rare d’une assemblée, divisée sur tout le reste, unie pour un jour dans un même sentiment patriotique. Le succès personnel de M. Poincaré a dépassé ce qu’attendaient ses amis et, pour un moment, il n’a pas eu d’adversaire. Son discours peut d’ailleurs se résumer en quelques lignes ; il a raconté les faits ; il les a laissés parler ; puis il a dit qu’il avait donné des instructions à notre ambassade à Rome pour demander la restitution des prisonniers. Après, mais après seulement, toutes les difficultés, s’il en reste, s’aplaniraient comme elles doivent le faire entre deux pays amis.

La presse italienne, qui avait montré d’abord des dispositions assez aigres à notre égard, est revenue vite à un ton plus conciliant : elle a protesté des bons sentimens de l’Italie à l’égard de la France et nous pouvons répondre avec non moins de vérité que la France n’a pas cessé un moment d’être animée des mêmes sentimens à l’égard de l’Italie. « Un nuage qui passe, a dit M. Poincaré, n’assombrira pas l’horizon. » Il en a été ainsi, mais non pas tout à fait aussi vite que nous l’avions espéré. M. Barrère, qui était à Paris comme on sait, est reparti pour Rome avec des instructions précises qu’il est facile de deviner sans les connaître, car elles ne peuvent qu’être conformes au langage que M. Poincaré a tenu à la Chambre et que celle-ci a chaleureusement approuvé : nous avons demandé qu’on nous rendît les prisonniers. Le gouvernement italien ne s’est pas refusé toutefois à le faire : sous prétexte de chercher une formule qui ménageât tous les intérêts et tous les droits en cause, il a perdu ou, si l’on veut, gagné du temps et l’a employé à faire passer des examens de médecine aux prisonniers : il a d’ailleurs reconnu aussitôt qu’ils étaient bien des médecins, au moins en majorité, ce qui fait rêver sur l’exactitude des informations prises on ne sait où dont il se disait si sûr. Le mieux que nous ayons à faire est d’ignorer les opérations de contrôle qui ont pu se poursuivre à Cagliari : elles sont à recommencer pour nous et par nous. Agir autrement serait admettre que le gouvernement italien aurait pu ne pas nous restituer les prisonniers s’il avait découvert, conformément à sa première opinion, qu’ils étaient bien des belligérans : or ils devaient nous être rendus, non pas parce qu’ils appartenaient au Croissant-Rouge, mais