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LES SOUVENIRS
DE
M. DE FREYCINET


Dans le livre qu’il vient de faire paraître, M. de Freycinet, commence ses souvenirs avec l’année 1848, alors qu’il avait dix-neuf ans, et il les poursuit jusqu’à l’année 1877, époque à laquelle il entra comme ministre des Travaux publics dans le Cabinet Dufaure, qui succédait au Cabinet Rochebouët, au lendemain de la crise du 16 mai.

Dans cette période historique de trente années, figurent comme événemens principaux la Révolution de 1848, le coup d’Etat de 1851, le 4 septembre 1870, la guerre franco-allemande et ses péripéties, l’Assemblée nationale de 1871, la fondation de la République et le Seize Mai. L’éminent écrivain leur consacre quatre cents pages qui se lisent avec une facilité et un agrément particuliers. Nous sommes dès le début lancés in medias res, et nous allons de faits en faits par une route large et facile, vers un but déterminé. La méthode de M. de Freycinet est toute de logique, de clarté et de régularité. Rien d’oiseux ou d’inutile. On voit que l’auteur a pris au sérieux le conseil de Térence : Ne quid nimis. Le caractère de M. de Freycinet se retrouve dans ses récits, comme dans sa personne même. L’aspect de ce vieillard fin et courtois, au profil émacié, à l’œil vif et pénétrant, au front haut et clair sous des cheveux de neige, à la bouche malicieuse et volontaire, à l’allure ferme et à peine