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monde où leur Empire tient une si grande place et constitue l’appui le plus précieux de l’équilibre universel.


I

La conférence ouverte à Londres le 22 mai dernier est la sixième d’une série qui a commencé en 1887 par une assez modeste réunion de délégués des gouvernemens anglais et coloniaux, à laquelle lord Salisbury, bon prophète, prédisait, en ouvrant ses séances, « une longue progéniture, » et qui s’est continuée par les conférences coloniales d’Ottawa en 1894, de Londres en 1897 et 1902. Le verbe ardent et les ambitieux projets de M. Chamberlain donnèrent à ces dernières un retentissement particulier. Quoiqu’il fut tombé du pouvoir, son esprit parut dominer encore celle de 1907, qui décida que ces assemblées se réuniraient tous les quatre ans sous le titre plus solennel de conférences impériales.

Ce changement de nom a sa signification. Il traduit le caractère nouveau qu’ont pris les relations entre la métropole et les grandes communautés autonomes qui font partie de l’Empire Britannique. Celles-ci ne sont plus des colonies, mais des Dominions, mot traduit quelquefois en français par celui de Puissances. Les conférences que leurs représentans tiennent à Londres avec les gouvernans britanniques n’ont plus lieu à intervalles variables, quand il plaît à la mère patrie de convoquer ses filles. Ce sont des assemblées périodiques, où siègent les représentans de six nations également libres, quoique unies dans un même Empire. Les jeunes Dominions traitent sur le pied d’égalité avec la vieille Angleterre. Voilà ce qu’on a voulu affirmer, et l’on ne s’en est pas caché, en modifiant le titre de la conférence.

Les honneurs, inconnus jusqu’ici, dont les représentans des Dominions ont été l’objet, ont témoigné également de l’importance qu’ils ont prise dans l’Empire. Par une heureuse rencontre, la conférence impériale avait lieu l’année même du couronnement de George V, et l’on avait fait coïncider les deux événemens. Les conférences de 1887, 1897 et 1902 avaient déjà concordé avec de grandes solennités britanniques, les jubilés de Victoria, le couronnement d’Edouard VII. Pourtant, les représentans des Dominions n’avaient pas joué dans ces fêtes de rôle tout à fait officiel, bien que le roi Edouard eût ajouté au titre