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UNE VILLE INDUSTRIELLE ALSACIENNE

MULHOUSE[1]


La nature alsacienne tire sa beauté et sa richesse de sa variété : elle rassemble entre les Vosges et le Rhin tout ce qui peut émouvoir l’âme ou plaire aux yeux, la montagne et la plaine, les forêts et les prairies, les champs et les vignes, les ruisseaux, les rivières, un grand fleuve, les vallées étroites qui ne montrent qu’une bande de ciel et les immenses horizons qu’on embrasse des sommets. Cette variété distingue encore ses villes. Strasbourg est la ville intellectuelle, administrative et militaire, capitale que les successives dominations marquent, en l’agrandissant et en la transformant, de leur empreinte propre. Schlestadt, dépouillée de ses remparts, délaissée, déserte, s’endort autour de ses vieilles églises d’un sommeil qui ressemble à la mort. Colmar, calme cité de judicature et d’art, fière de son passé, garde fidèlement ce qui lui donne un visage du temps jadis. La grâce charmante de Wissembourg évoque le XVIIIe siècle, le bon roi Stanislas, la douce Marie Leczinska et

  1. Qu’il me soit permis d’adresser ici mes plus vifs remerciemens à la Société industrielle de Mulhouse et en particulier à MM. Alfred Favre, Camille de Lacroix, Lalance, Ernest Meininger, Max Dollfus, qui, par leurs bons offices, m’ont donné les moyens d’écrire cette étude.