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REVUES ÉTRANGÈRES

LE P. ESCOBAR ET LES « LETTRES PROVINCIALES »


P. Antonio de Escobar y Mendoza als Moraltheologe in Pascals Beleuchtung und im Lichte der Wahrheit, par le professeur Karl Weiss ; un vol. 8° ; Fribourg-en-Brisgau, librairie Herder, 1911.


Il y avait dans l’antique cité espagnole de Valladolid, vers le milieu Du XVIIe siècle, un vieux moine que la ville entière vénérait comme un saint. Né en 1589, de l’une des plus nobles familles de l’Espagne, il s’était voué au service de l’Église dès sa quinzième année, et toujours depuis lors il avait marché d’un pas léger et sûr dans les voies les plus ardues de la perfection. Ayant eu à remplir, tour à tour ou simultanément, les tâches diverses du prédicateur, du missionnaire, du confesseur, de l’organisateur d’œuvres charitables, il avait déployé à tout cela une intelligence naturelle éminemment claire et sagace, que secondaient d’admirables qualités de cœur. Un petit manuel qu’il avait rédigé vers 1630 pour son propre usage comme pour celui de ses jeunes confrères, sous le titre d’Examen y Practica de Confesores, — encore qu’il eût été blâmé, comme trop rigoureux, par certains partisans de l’indulgence la plus large en matière de morale, — n’en attestait pas moins l’habileté singulière avec laquelle son auteur s’entendait à pénétrer jusque dans les replis les plus secrets des âmes, infatigable à découvrir toutes les nuances des mobiles intimes de nos actions humaines.

Mais surtout, les aptitudes comme les goûts du vénérable moine le portaient à exceller dans les tâches difficiles de l’éducateur. Nombreuses étaient, en vérité, les générations de jeunes gentilshommes espagnols que, depuis trente ans, il avait formées tout ensemble à