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STÉPHANIE

PREMIÈRE PARTIE

I

Vers Pâques, avant l’arrivée de mes sœurs, le maître d’hôtel jouit de toute soq importance. « Monsieur Claude » appelle les peintres et les couvreurs de La Ferté.Nos corridors sentent, huit jours durant, l’odeur de la térébenthine mêlée au « gris-Versailles «que les pinceaux étalent sur les lambris. En chantant, les tapissiers collent le papier jonquille à larges raies de vieil argent sur les murs des chambres. On badigeonne les plafonds que les dégels ont gâtés. Dehors, sosie de Louis XI, le jardinier aligne en pleine terre les quatre cents géraniums de la réserve. Ses filles brûlent les feuilles de platanes qu’elles amoncelèrent au râteau dans les carrefours du parc. Cette agitation intimide mes quatre lévriers. Les échelles, les pots de couleurs, les rognures de papier ne plaisent point à ces personnes élégantes et courtoises. Elles ont coutume de me suivre à travers la maison, de se coucher où ’je m’arrête. Faites à mes habitudes régulières qu’elles apprécient, les nobles bêtes ne comprennent point que je tolère ce branle-bas. Plus que tout elles redoutent Claude. Préoccupé de ses calculs, il les gourmande ; et je soupçonne qu’en mon absence il les houspille. Autant qu’elles j’espère la fin de la métamorphose.

(1) Copyright bu Paul Adam, 1912.

TOME Vin. — 1912. 31