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aéroplanes ont eu, sur leurs aînés les dirigeables, la supériorité de la vitesse ; mais ils leur étaient inférieurs au point de vue de l’altitude et du rayon d’action. Les deux genres d’appareils ont réalisé des progrès, mais ceux des aéroplanes ont été beaucoup plus rapides, et il est certain que cela continuera ainsi. Ils ont très rapidement conquis la supériorité de l’altitude. En ce qui concerne le rayon d’action, leur gain est considérable, et la distance qui les sépare, sous ce rapport, des dirigeables doit aller constamment en diminuant.

Ceux-ci ne maintiennent, d’ailleurs, leur supériorité qu’à une condition, c’est d’avoir des volumes de plus en plus considérables. Il y a trois ou quatre ans, on pouvait prétendre que des dirigeables de petit volume, 2 à 3 000 mètres cubes, qui ne possédaient pas un très grand rayon d’action, pouvaient néanmoins rendre des services aux armées, pour les grandes reconnaissances tactiques exigeant un parcours de 200 à 300 kilomètres ; pour avoir un rayon d’action plus grand, on prévoyait des dirigeables de 5 à 6 000 mètres cubes. Un an plus tard, c’est-à-dire vers le commencement de 1911, tout le monde reconnaissait l’inutilité des petits dirigeables, que les aéroplanes pouvaient remplacer avec avantage ; on admettait que les flottes aériennes devaient comprendre des dirigeables moyens, de 5 à 6 000 mètres cubes, qu’on appelait des éclaireurs, et de grosses unités de 8 000 mètres cubes, peut-être de 10 000 auxquelles on a donné le nom de croiseurs. Actuellement, on considère que les éclaireurs ne peuvent pas servir à grand’chose, que les aéroplanes sont capables de les remplacer à moins de frais, et les croiseurs de 8 à 10 000 mètres cubes sont devenus les petites unités de la flotte aérienne de dirigeables. Pour avoir toutes les qualités de rayon d’action, d’invulnérabilité relative, de puissance offensive, que l’on désire aujourd’hui, il faut des volumes de 15 à 20 000 mètres cubes, et on sera probablement amené à les augmenter encore.

Ainsi, grâce aux progrès des aéroplanes, la supériorité des dirigeables au point de vue du rayon d’action, ou de la capacité de transport, — ce qui est, au fond, la même chose, — va constamment en diminuant ; elle ne se maintient qu’à la condition de recourir à des appareils de plus en plus considérables. De cet accroissement des volumes résulte une exagération des défauts reprochés, à juste titre, aux dirigeables : prix élevés,