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puissamment outillés, des installations vastes et coûteuses ; tout cela entraîne des frais auxquels un industriel ne se résigne que s'il se sent assuré de les récupérer grâce à des commandes ultérieures. Comme, depuis plusieurs années, notre aéronautique militaire est hésitante en la matière, les constructeurs, auxquels on commandait de temps en temps un dirigeable sans leur promettre des commandes ultérieures, se contentaient de leurs installations relativement restreintes et ne songeaient pas à les développer. Il en était tout autrement en Allemagne, où les industriels se sentaient assurés de l'avenir, et ont, en conséquence, développé leurs moyens de production. Pour sortir de cette fâcheuse situation, il n'y a qu'une manière : c'est de savoir ce que nous voulons. Il faut commander autant de dirigeables qu'on peut en fabriquer, et c'est chose faite ; mais il faut aussi que notre industrie aéronautique soit bien persuadée que l'effort d'aujourd'hui aura un lendemain, et ce n'est qu'à cette condition qu'elle pourra prendre un développement suffisant.

À moins d'aller acheter nos dirigeables en Allemagne, ce qui est impossible, il faut nous résigner, malgré tous nos efforts, à ne sortir que lentement de la situation inférieure dans laquelle nous nous débattons.

III

Indépendamment de cette question matérielle, il y a aussi une question de personnel. Les manœuvres de dirigeables à terre sont souvent difficiles, et exigent des troupes bien exercées. Ces troupes, nous les possédons depuis de longues années ; ce sont les aérostiers militaires. Ils ont été créés en France sous la Première République dès 1792. Sous les ordres de Conté et de Coutelle, ils ont manœuvré les ballons captifs à Fleurus, à Maubeuge et à Mayence. Supprimés au commencement du XIXe siècle, ils ont été rétablis eji France dès 1880, et toutes les nations européennes ont suivi peu à peu notre exemple.

Nos aérostiers militaires étaient incomparables. Rompus à la manœuvre des ballons sphériques, ils ne se laissaient intimider ni par les ouragans, ni par les obstacles qu'ils rencontraient sur leur route. Ils étaient arrivés à faire parcourir à leurs bal-