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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Pendant que nous écrivons, une grande bataille se poursuit entre Paris et les Vosges. Nous avons confiance que le dénouement sera favorable à nos armes ; mais, s’il en était autrement, si la fortune nous était contraire, nous prendrions une nouvelle position militaire et nous continuerions de nous battre. Le sort définitif de la guerre ne dépend d’ailleurs pas uniquement de nous. Il suffit que la coalition dont nous sommes un des élémens l’emporte finalement, et elle l’emportera. Bien loin d’être ébranlée, sa résolution s’est encore affermie pendant ces derniers jours et s’est manifestée sous une forme diplomatique. Quelle que soit l’importance des opérations militaires, celle de la Déclaration que les représentans de l’Angleterre, de la France et de la Russie, sir Edward Grey, M. Paul Cambon et le comte Benckendorff, ont signée à Londres, n’est pas moins grande ; elle l’est même davantage, parce qu’elle domine toute la situation militaire et politique, et qu’elle est la garantie de l’avenir aussi bien que du présent. Voici le document :


« Les soussignés, dûment autorisés par leurs gouvernemens respectifs, font la déclaration suivante :

« Les gouvernemens de Grande-Bretagne, de France et de Russie s’engagent mutuellement à ne pas conclure de paix séparée au cours de la présente guerre.

« Les trois gouvernemens conviennent que, lorsqu’il y aura lieu de discuter les termes de la paix, aucune des puissances alliées ne pourra poser de conditions de paix sans accord préalable avec chacun des autres alliés. »


Cette Déclaration est, pour les trois Puissances qui l’ont faite, la Charte de la guerre. Leurs fortunes peuvent être diverses et changeantes au cours des opérations, mais elles resteront intimement