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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Il est impossible, en ce moment, de parler d’autre chose que de la guerre etill’est aussi de le faire aussi complètement qu’on le voudrait, car les nouvelles qui nous sont données par les communiqués officiels sont, comme on le sait, de la plus grande brièveté. Peut-être y a-t-il là quelque exagération de laconisme, mais comme le défaut contraire aurait encore bien plus d’inconvéniens et qu’il est difficile de rester dans la juste mesure, prenons ce qu’on nous donne sans demander davantage. Nous avons dit déjà que les journaux anglais étaient plus abondamment renseignés que les nôtres et nous pouvons sans doute profiter de leurs renseignemens, mais, non pas toujours en faire profiter nos lecteurs : ce serait nous exposer aux ciseaux de la censure. Il n’est pas un journal, même parmi les plus prudens, qui ne subisse des suppressions, marquées dans leurs colonnes par de nombreuses et quelquefois de longues taches blanches. Se soumettre à ce régime est un devoir et nous nous y soumettons. Combien de fois cependant n’avons-nous pas éprouvé le sentiment que le comte Albert de Mun, en commençant son dernier article, publié après sa mort dans l’Écho de Paris, exprimait ces termes : « Vrai ! Il faut avoir comme moi la confiance chevillée dans l’âme pour résister au régime des communiqués. » Comme lui, nous avons la confiance chevillée dans l’âme et si fortement même que des revers provisoires ne l’en feraient pas sortir.

Rien, d’ailleurs, ne fait prévoir des accidens de ce genre. La chute d’Anvers, dont la nouvelle est venue nous frapper pendant que nous écrivions, est un grand malheur, une grande douleur ; mais elle ne changera pas le dénouement de la guerre. La situation générale reste satisfaisante. Si on la compare à ce qu’elle était il y a un mois, le progrès est trop sensible pour que nous n’y trou ions pas un encouragement. Il y a un mois, nos armées avaient battu en retraite