Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 25.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.





Les Chambres se sont réunies le 22 décembre et séparées le 23 : jamais la session n’avait été plus courte. Cette réunion était d’ailleurs indispensable, car, en l’absence de budget pour l’année prochaine, il fallait voter un certain nombre de douzièmes provisoires et il fallait aussi ratifier certaines mesures que le gouvernement avait été amené à prendre pendant l’interrègne parlementaire. Des craintes avaient été exprimées par la presse au sujet de l’attitude que la Chambre prendrait peut-être : l’épreuve a prouvé qu’elles n’étaient point fondées. L’attitude de la Chambre a été le 22 décembre ce qu’elle avait été le 4 août, c’est-à-dire parfaite. On ne saurait trop l’en féliciter. L’étranger, en ce moment, nous surveille avec une attention inquiète. Les uns espèrent que nous continuerons de donner au monde le spectacle d’union dont il est si vivement frappé ; les autres le redoutent et sont prêts à constater et à exploiter la moindre défaillance de notre part. L’union dans un même sentiment patriotique est pour nous une grande force morale, et même la plus grande de toutes. Gardons-nous d’y laisser porter atteinte.

Des paroles excellentes ont été prononcées dans cette session de deux jours. Les présidens des deux Chambres et M. le président du Conseil, organe du gouvernement, ont dit tout ce qu’il fallait dire, rien de plus, et ils l’ont fait avec une éloquence qui venait du cœur. L’atmosphère du Palais Bourbon et du Luxembourg était chargée d’une électricité généreuse. Comment d’ailleurs aurait-il pu en être autrement ? Sénat et Chambre avaient eu quelques-uns de leurs membres tombés héroïquement sur les champs de bataille et l’on sentait passer sur les têtes ce souffle de la mort qui purifie et qui grandit tout. Au Sénat, les pertes étaient moins nombreuses qu’à la Chambre, l’âge des sénateurs ne leur permettant guère de supporter les fatigues