Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 25.djvu/472

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Nous avons parlé à diverses reprises, d’après les dépêches publiées par les agences et les renseignemens recueillis par les journaux, des atrocités sans nom commises par les Allemands en Belgique et en France, au cours de la présente guerre. Le lecteur a pu croire quelquefois qu’il y avait de l’exagération dans ces récits qui, tout au contraire, on peut le voir à présent, étaient au-dessous de la vérité. Les enquêtes officielles du gouvernement belge et du gouvernement français sont aujourd’hui, sinon terminées, au moins très avancées, et les résultats commencent à en être publiés. L’enquête belge est déjà connue de nos lecteurs. Si l’article de M. Pierre Nothomb, qu’ils ont trouvé dans notre numéro du 1er janvier, n’est pas lui-même un document officiel, il a été fait sur ces documens : en les condensant et les résumant, il en a scrupuleusement respecté le caractère. Depuis lors, le gouvernement de la République, stimulé par l’initiative prise ailleurs, sollicité et presque mis en demeure par l’opinion, s’est décidé à ouvrir lui aussi ses dossiers.

On ne l’accusera pas d’y avoir mis de l’empressement, encore moins de la hâte, ni d’avoir voulu par là exalter les imaginations. Son intention, au contraire, était d’attendre la fin des hostilités pour livrer à froid au tribunal de La Haye les fruits de ses recherches. Mais l’opinion a protesté contre ce retard, qui était en effet inexplicable. Une campagne de presse, entamée par M. Franck-Chauveau et poursuivie vigoureusement, a obligé le gouvernement à devancer l’heure qu’il s’était fixée, et le Journal Officiel a tout publié. L’impression a été pro- fonde. Déjà d’autres publications avaient révélé une partie de la vérité. Le Bulletin de l’Alliance Française, par exemple, rédigé par des savans consciencieux et habitués aux méthodes historiques les plus sévères, avait jeté de vives clartés sur les exploits de la barbarie