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L’action du gouvernement s’est en diverses circonstances exercée plus directement. En voici quelques exemples que nous empruntons aux rapports du Comité économique : « Le commerce du bétail a été créé entièrement grâce aux efforts du directeur des services vétérinaires. N’était cette action, il serait inexistant. En 1907, l’exportation des bovidés et des peaux atteignait une valeur de 822 000 francs qui s’est élevée à près de 7 millions en 1912. » Le coton est cultivé depuis longtemps dans la plaine fertile de Tokar ; dans la région de Souakim, il jouissait d’une très mauvaise réputation, et son prix était inférieur d’au moins une livre par quintal à celui du coton égyptien. Heureusement la totalité des terres sur lesquelles pousse le coton est la propriété de l’État. C’est pourquoi les autorités locales ont pu exercer une pression qui a rendu leurs conseils efficaces. Les inspecteurs et les mamours (sorte de sous-préfets) ont surveillé l’emploi des bonnes semences qu’ils fournissaient, obligé à expurger le sol des vieilles racines de cotonnier avant les ensemencemens, à nettoyer et à empaqueter soigneusement la fibre. Ils ont également encouragé l’exportation directe des produits en Europe. Le résultat de leur action a été qu’une forte proportion du coton de Tokar se vend actuellement aussi cher que le coton égyptien, et quelquefois même plus. Le revenu des producteurs s’est, en conséquence, accru de 30 à 40 pour 100. Les revenus publics ont également progressé, de telle sorte que le budget de la province se solde maintenant en excédent. Tout ceci a été obtenu sans dépense additionnelle appréciable à la charge du trésor.

L’heureux effet de ces mesures a décidé le gouverneur à en généraliser l’application en leur donnant force légale. Aux termes de la loi de 1912, tout ce qui concerne l’ensemencement, la culture, l’égrenage du coton, l’emballage de la fibre et des graines peut être déterminé par voie de règlemens. On ne saurait toutefois les étendre sans précaution à toutes les branches de production. Il y a quelques années, des dispositions furent prises dans un district du Kordofan par les fonctionnaires locaux en vue d’obtenir un rendement de gomme meilleur et plus abondant. L’échec fut complet et les indigènes n’obéirent pas aux ordres qu’ils reçurent, probablement parce que ces ordres furent mal donnés et que l’exécution en fut mal assurée, mais plus encore, semble-t-il, parce qu’il est presque impossible