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des bras de mer d’une largeur inférieure, souvent, à celle des grands fleuves de l’Allemagne dans la dernière partie de leur cours. L’intérêt militaire de cette considération ne saurait échapper aux lecteurs de la Revue.

D’autre part, dans chacune des deux mers, — et ceci résulte naturellement du fait précédent, — les îles allemandes présentent à l’observateur les mêmes traits extérieurs que les portions les plus voisines du continent dont elles sont détachées. Le chapelet régulier des îles de la Frise orientale (Ost Friesische Inseln) ne se distingue de l’Harrlingerland, sablonneux, bas, humide, bordé de digues, que par les chenaux maritimes qui séparent ces îles l’une de l’autre. C’est peut-être l’ancien ourlet de dunes qui a été déchiré par un violent assaut de la mer, celui qui, au XIIIe siècle, forma le Zuyderzée.

Moins régulier dans son tracé d’ensemble, le groupe des îles de la Frise septentrionale (Nord Friesische Inseln) offre aussi les mêmes caractères que la lisière maritime du Slesvig dont il couvre l’abord occidental : derrière le cordon de dunes ou de digues, on y voit des polders déjà très raffermis et utilisés par la culture

Dans la mer Baltique, Alsen ne se distingue pas du Sundewitt, ni Fehmarn du Wagrien, qui va de Kiel à Lübeck ; et si la grande île de Rügen montre, dans sa péninsule septentrionale de Wittow-Jasmund seulement, des falaises crayeuses qui rappellent un peu prématurément celles des promontoires de la Prusse orientale, Usedom et Wollin, les deux îles du delta de l’Oder ont, toutes deux, la même physionomie que la côte poméranienne dont elles forment l’exact prolongement.

Venons-en maintenant à quelques détails et, tout d’abord, examinons les longues îles sablonneuses de la Frise orientale.

La première, en partant de l’Ouest, est l’ile de Borkum, qui partage en deux branches l’embouchure de l’Ems. De ces deux branches, une seule, l’Ems occidental, compris entre Borkum et l’Ile hollandaise de Rottum, puis entre la province néerlandaise de Groningue et le cercle hanovrien d’Emden, est utilisée par la navigation. Le mouillage de Borkum, qui s’étend du Sud-Ouest au Sud de l’île, est excellent et fréquenté par les escadres allemandes. La défense de cet ancrage, en même temps que du fleuve et de l’important port d’Emden, est assurée depuis quelques années par des batteries dressées sur la face