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Sur la côte de Wollin, mêmes plages de sable en pente douce, mais presque partout bordées de forêts de pins qui faciliteraient la défense immédiate.

Swinemünde est à 160 kilomètres, à vol d’oiseau, de Berlin. C’est la distance de Paris au Havre.

Une dernière remarque : les îles qui bordent la côte allemande ont une superficie totale qui équivaut à peu près à celle d’un grand département français. On pourrait donc dire qu’elles auraient, le cas échéant, une réelle valeur d’échange. Mais ce serait faire, à notre détriment, un bien faux calcul. Quelques-unes de ces îles ont, en effet, au point de vue stratégique et politique, une importance qui dépasse de beaucoup celle que l’on peut mesurer avec le compas ou évaluer avec des statistiques. Quand on connaît exactement l’orgueil des Allemands, — et ce n’est point si aisé, — quand on sait quelle est leur foi dans l’intangibilité de leur territoire, surtout de ce côté-là, on se sent assuré que, si les circonstances avaient permis aux Alliés d’opérer librement dans la Baltique, par exemple, et d’occuper Rügen avec des forces suffisantes pour s’y maintenir et menacer sérieusement la Poméranie, bien des choses eussent été et seraient encore changées.

Le cours des événemens a été tout autre. Disons encore, avec une entière confiance, que ce n’est pas une raison pour que l’issue finale n’en soit pas favorable à la bonne cause. Tout système rationnel de guerre est bon, que l’on suit avec énergie, avec suite, avec ténacité… avec, aussi, la claire notion de tout ce qu’il est nécessaire de faire pour le pousser jusqu’au succès final.


CHARLES ROPE.