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REVUE LITTÉRAIRE

RÉCITS DE COMBATTANS[1]

Cette guerre, qui prenait tout, emmena ses annalistes : tant d’écrivains, dont elle fit des soldats. Beaucoup sont morts. Ceux qui survivent ont commencé le récit de la formidable aventure et le continueront. C’est toute une littérature nouvelle qui se montre, qui va s’épanouir et peut-être foisonner.

Littérature pathétique et à laquelle suffit, pour nous émouvoir, le sujet, notre unique pensée : littérature qui pourrait se passer de littérature. Mais elle ne s’en passe point. On le constate bientôt avec surprise, avec enchantement, si je ne me trompe : ces récits de corn-battans, pour la plupart, sont écrits avec autant d’art et d’habileté que de cœur et d’entrain. Et l’on se demande où ces soldats de la plus grande guerre ont trouvé le temps d’écrire ainsi. L’un, ce fut à l’hôpital, pendant les courtes semaines de la convalescence ; un autre, dans la tranchée, entre deux alertes ; et tous, au hasard des journées violentes ou mornes. Oui ! mais, avant d’écrire, où ont-ils trouvé, en pleine action, le loisir et la tranquillité de regarder, de savoir ce qu’ils avaient vu et de transformer en tableaux les divers aspects de la menace et de la mort ? — Dans leur courage, simple et lucide. Ainsi la finesse de leur talent témoigne de leur vertu militaire ; leur élégance d’écrivains a une grâce d’héroïsme. En outre, ils défendaient et ils

  1. Étapes et batailles d’un hussard, par René de Planhol (Attinger, éditeur) ; — En campagne, « impressions d’un officier de légère, » par Marcel Dupont (Plon) ; — La marche à la victoire, « tableaux du front, » par Maurice Gandolphe, (Perrin) ; — Six mois de guerre en Belgique, par F.-H. Grimauty (Perrin) ; — La Vie de guerre contée par les soldats, lettres recueillies et publiées par Charles Foley (Berger-Levrault).