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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




« Il serait puéril, a dit M. le président du Conseil en montant à la tribune au commencement de la séance du 26 août, d’essayer de nous cacher à nous-mêmes les incidens qui se sont succédé dans ce palais depuis quelques jours. » Ces incidens, tout le monde en parlait hors de l’enceinte du Palais-Bourbon ; tout le monde les connaissait et les commentait ; ils commençaient même à inquiéter le pays. C’est dire qu’il était temps d’y mettre fin d’une manière ou d’une autre, soit par la chute du ministère, soit par une manifestation de confiance qui le consoliderait définitivement. M. Viviani l’a senti, et il a mis la Chambre en demeure de se prononcer d’une manière assez nette pour que l’atmosphère de malaise où on respirait difficilement depuis quelques semaines fût enfin dissipée. « A l’heure où nous sommes, a-t-il affirmé, il faut que la Chambre donne sa confiance au gouvernement, non pas par un ordre du jour qui passe, mais par l’adhésion permanente des cœurs et des esprits. C’est au parlementa nous donner la force nécessaire. Il faut nous garder ou nous renverser : pas de demi-mesure. » Il n’est rien de tel qu’une question bien posée, surtout quand elle l’est avec un accent de fermeté qui fait impression. On se demandait la veille si le gouvernement serait renversé ; il a été couvert d’applaudissemens enthousiastes, et la Chambre s’est ajournée au 16 septembre, ce qui est la marque de confiance la plus significative qu’elle pouvait lui donner. Elle va enfin lui laisser un peu de repos ; elle va en prendre elle-même : tout le monde en a besoin. Elle trouvera le pays aussi calme qu’elle a été elle-même agitée, et ce sera pour elle d’un bon exemple.

Il nous reste à raconter d’où est venue cette crise, ou plutôt cette menace de crise qui a si heureusement avorté. Lorsque la Chambre s’est réunie, après les premiers mois de la guerre, elle a donné un