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l’Union qui franchit l’Yser à trois kilomètres de Nieuport, reliant Saint-Georges à Mannekensvère, et surtout, au centre de la grande courbe dessinée par le fleuve, la partie du cours d’eau comprise entre le pont de Schoorbakke et celui de Tervaete et qui forme une boucle très prononcée vers l’Ouest : les tranchées qui en garnissent les digues pourront être facilement prises d’enfilade, et même à revers, par des troupes allemandes parvenues sur l’autre rive. L’ennemi s’apercevra bien vite de cet avantage possible. Ce sera sur Dixmude, sur Nieuport et surtout sur le pont de Tervaete et la tête de pont de Schoorbakke qu’il frappera les plus grands coups.


III

Le haut commandement français avait demandé à l’armée belge de tenir sur l’Yser pendant quarante-huit heures. L’armée s’organisa aussitôt défensivement. La 2e division se déploya le long du chenal de l’Yser jusqu’au village de Saint-Georges. Elle occupait, au-delà du fleuve, Lombaertzyde, la ferme de Groote-Bamburg et Mannekensvère. La 1re division s’installa depuis le pont de l’Union, devant Saint-Georges, jusqu’au point culminant de la boucle de Tervaete, marqué par la borne 10 de l’Yser. Elle fortifia la petite tête de pont de Schoorbakke et cantonna ses avant-gardes à Schoore. La 4e division défendait le pont de Tervaete, et continuait la ligne jusqu’à la borne 14 de l’Yser, à la ferme Den Toren, avec postes avancés à Keyem et à Beerst. Elle se soudait à la brigade des fusiliers marins chargés de défendre Dixmude et les abords de Dixmude. Les 5e et 6e divisions et une brigade de la 3e prolongeaient le front au Sud de la ville et sur l’Yperlée… En somme, dès le premier jour, la situation se caractérise par l’absence presque totale de réserves. Seules sont à la disposition de l’état-major deux brigades, fort éprouvées, de la 3e division qui attendent, l’arme au pied, à Lampernisse, et une petite division de cavalerie campée en arrière de Nieuport. L’autre division de cavalerie, couvrant notre flanc droit, manœuvrait avec la cavalerie française aux abords de la forêt d’Houthulst.

D’autre part, d’après les dispositions prises, il s’était formé en avant de l’Yser une ligne avancée semi-circulaire, fragile à la