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vérité, mais suffisante à contenir un premier choc. C’étaient des brise-lames. Des cavaliers et des cyclistes, plus en avant encore, observaient les mouvemens de l’ennemi. Dès le 16, un combat de cavalerie s’engagea devant Schoore, à Saint-Pierre-Capelle, où se croisent les deux grandes routes de Bruges et d’Ostende, et un premier assaut en force fut lancé sur Dixmude. Il fut splendidement repoussé par les marins. Le lendemain, les Allemands qui descendaient par les deux grandes routes virent à nouveau leurs patrouilles chassées de Saint-Pierre-Capelle. Ils se vengèrent en bombardant le bourg, et en incendiant le hameau de Rattevalle. Des cyclistes ayant poussé jusqu’à Mannekensvère y furent massacrés par les nôtres. Le 18, la lutte s’engagea sur toute la position avancée. La 4e division d’Ersatz s’étant approchée, en épaisse formation, de Lombaertzyde, rencontra une résistance aussi acharnée que son attaque. Sur la plage, dans les dunes, sur la route, devant les maisons, les assauts répétés furent repoussés par nos minces cordons d’hommes. Soudain un bombardement inattendu éclata sur le flanc de l’ennemi : les monitors de l’amiral Hood, rangés à l’horizon, prêtaient aux Belges un miraculeux secours. Après de nouveaux assauts, les Allemands se retirèrent, emportant des blessés par centaines. Ils réussissaient mieux à Mannekensvère, où un bataillon du 7e de ligne, débordé par le nombre, était obligé de leur céder la place. Mais à peine cette grand’garde avait-elle rejoint le gros du régiment, que le major Evrard s’élançait pour reprendre le village. Il fallait traverser, sous le bombardement, des prairies découvertes : il n’hésita pas un instant. Pour protéger son mouvement, on vit ce spectacle, qui allait se renouveler vingt fois au cours de la bataille, d’une batterie, — la 26e, — s’avançant à découvert, au milieu de la pluie d’obus, jusqu’à quelques centaines de mètres de l’ennemi… Le major Evrard et ses hommes couchèrent le soir à Mannekensvère…

Le poste voisin, Schoore, fut pris par un bataillon du 3e corps après une canonnade de quatre heures. Keyem, plus au Sud, tombait en même temps au pouvoir de la 6e division de réserve. Mais, tandis qu’une contre-attaque échouait devant Schoore, le 10e de ligne ne tardait pas à reprendre les lisières de Keyem. Beêrst ne céda point… En résumé, à la fin du jour, sauf sur un point, et malgré la violence des attaques, la ligne avancée tenait toujours. Bien plus, cette ligne était prolongée, vers le