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librairie qu’en France le Journal d’un officier d’ordonnance de d’Hérisson, auquel il peut être comparé, non seulement pour la similitude du titre, mais encore pour la vivacité des peintures et le mouvement du récit. On peut citer encore, comme représentant les divers contingens de l’armée d’invasion, les souvenirs de Koch-Breuberg, Bavarois comme Tanera, moins populaire que lui en Allemagne, mais moins entaché de complaisance envers les passions nationales ; ceux des capitaines prussiens Krokisius et Ubisch, intéressans, l’un pour la campagne de l’Est, l’autre pour la campagne du Nord ; les rapides esquisses du Wurtembergeois Fausel et le Journal de route du Hessois Bornemann[1].

Les mémoires des officiers de réserve ou des volontaires d’un an, qui sortent du même milieu social, doivent être mis à part, parce qu’ils représentent dans cet ensemble une note un peu particulière. Ils émanent en effet d’esprits moins uniformément marqués par le pli professionnel, plus sensibles au côté humain des choses, plus curieux des traits de mœurs significatifs, plus propres à nous donner une idée des sentimens de la nation dont ils sortaient. Le plus typique peut-être et le moins connu de ces ouvrages est celui du landwehrien bavarois Bauriedel, qui reflète assez exactement les inclinations dominantes dans les masses de l’armée d’invasion ; celui du volontaire Zeitz, vulgarisé au contraire en Allemagne par une édition populaire illustrée, se recommande par une inspiration plus élevée, un récit constamment pittoresque et parfois même dramatique. On ne peut enfin citer que pour mémoire les relations, parfois anonymes, des innombrables soldats qui jouèrent le rôle d’humbles comparses dans cette grande tragédie. Il en est peu pourtant où l’on ne trouve à glaner quelques traits de mœurs intéressans[2].

L’invasion a eu enfin, sinon pour acteurs, au moins pour témoins de simples civils, auxquels leurs fonctions ou leur fortune ont permis de la voir

  1. Tanera, Ernste und heitere Erinnerungen eines Ordonnanz-Offiziers, 2 vol. Nördlingen, 1887. — Koch-Breuberg, Drei Jahre in Frankreich, Nödlingen, 1891. — Krokisius, Erinnerungen aus dem Feldzug 1870, Berlin, 1907. — Ubisch (Edgar von), Kriegserinnerungen eines preussischen Offiziers, Berlin, 1896. — Fausel (Adolf), Ein Ritt in’s Franzosenland, Stuttgart, 1909. — Bornemann, Kriegstagebuch eines jungen Offiziers, Giessen, 1895. Il faut ajouter à cette liste les intéressans souvenirs, parus plus tardivement, d’un officier de la Garde : Von Pfeil (Richard, Graf von), Vor Vierzig Jahren, Schweidnitz, 1910.
  2. Bauriedel, Meine Erlebnisse während des Feldzugs 1870-1871, Nuremberg, 1895 — Zeitz, Erinnerungen eines Feldzugs freiwilligen. — A signaler parmi les mémoires de soldats : Kayser, Erlebnisse eines rheinischen Dragoners im Feldzuge 1870, Nordlingen, 1889. — et deux ouvrages particulièrement curieux parce que leurs auteurs ont été faits prisonniers et internés en France : Mauerhof, Kriegs-Ërinnerungen aus dem Deutsch-Französischen Krieg, Eilenburg, 1899 et : Bis in die Kriegsgefangenschaft, von einem 67en. On trouvera une analyse très vivante des plus récens et des plus marquans de ces souvenirs militaires dans les Études d’histoire de M. A. Chuquet.