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Après s’être quittés, le général Joffre et le général Cadorna ont échangé des télégrammes qui témoignent du souvenir qu’ils conservent l’un de l’autre. Quant à la France et à l’Italie, jamais elles ne se sont senties plus unies qu’en ce moment, chacune combattant pour la reprise de provinces qui lui appartiennent et aussi, comme l’a si bien dit le général Joffre, « pour la liberté et la civilisation. »


Les relations des États-Unis et de l’Allemagne continuent à subir les épreuves les plus imprévues. Il faut que M. Wilson ait une angélique patience pour s’en accommoder comme il l’a fait jusqu’ici ; il semble pourtant commencer à la perdre. On accuse nos orateurs parlementaire de croire qu’ils ont fait beaucoup lorsqu’ils ont prononcé un discours et recueilli des applaudissemens, alors que le lendemain il n’en reste rien et que tout est à recommencer. Peut-être M. Wilson a-t-il, lui, plus de confiance qu’il ne convient dans l’efficacité de ses notes juridiques. Après en avoir élaboré une, il en attend tranquillement l’effet, qui ne se produit pas toujours et, ici encore, tout est à recommencer. M. Wilson recommence donc, et on se demande, avec une curiosité mêlée d’inquiétude, combien de temps ce jeu de raquette durera entre lui et le gouvernement impérial. Certes, quand il est enfin sorti des circonlocutions polies où il s’attarde quelquefois, M. Wilson trouve des formules parfaites pour énoncer les principes du droit des gens et en affirmer toute la force ; il y en ajouterait encore si c’était possible ; mais, ce travail une fois terminé, il se repose, pour laisser à la Wilhelmstrasse le loisir de travailler à son tour, — et les choses continuent d’aller comme devant.

Cependant, il y a quelques jours, on a pu croire que les choses allaient prendre une allure nouvelle. M. Wilson avait notifié au gouvernement impérial que si une nouvelle violation du droit des gens coûtait la vie à un citoyen américain, il regarderait le fait comme constituant un acte délibérément inamical. Après quoi, il a déposé sa plume et il a attendu les événemens. Au lieu d’une réponse par écrit qu’il espérait sans doute, il a été réveillé un matin par un télégramme annonçant que l’Arabic avait été torpillé sans avertissement préalable et que, parmi les victimes, il y avait deux Américains. On se demandait ce qu’il allait faire : écrire encore, ou agir. Le cas de l’Arabic avait un caractère de récidive si offensant qu’on ne voyait guère le moyen d’en sortir comme des précédens ; peut-être une note n’y suffirait-elle pas ; peut-être faudrait-il renoncer à