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la concurrence internationale fut plus ou moins somnolente et auxquelles, même pendant un certain temps, la politique libre-échangiste de l’Empire permit de n’avoir que faiblement recours.

Au dehors, les villes libres allemandes jouissaient jadis de la liberté commerciale autant que de la liberté politique. Quand elles entrèrent dans le Zollverein, elles stipulèrent le maintien de leurs franchises commerciales pour une partie de leur port et ainsi naquirent les ports francs de Hambourg et de Brème en 1888. Copenhague trouva intérêt à ouvrir une zone franche en 1891, Trieste et Fiume, comme les villes d’Allemagne, obtinrent en 1891 également des dépôts francs ou des points francs, en remplacement de leur port franc. Gênes, qui avait pour ainsi dire toujours plus ou moins joui de la franchise, a acquis, par application de la loi du 6 août 1876, un « dépôt franc. »

En France, la substitution du régime protectionniste au régime libre-échangiste devait remettre en honneur les zones franches, sans lesquelles l’exportation est entravée au-delà de toute mesure par les formalités inhérentes à l’application d’un tarif élevé et portant sur de nombreux articles, et ce sont les promoteurs mêmes de la loi de douane de 1892 qui apprécièrent les premiers que le nouveau régime ne pouvait pas se passer des zones franches.

La Société pour la défense du commerce de Marseille, organisme actif et puissant, a affirmé en toutes circonstances que son président de 1896, M. Henry Estier, avait été engagé par M. Henry Boucher, ministre du Commerce dans le Cabinet Méline, à chercher du côté des zones franches les apaisemens dont avait besoin l’exportation.

« Abandonnez l’espoir de faire revenir la Nation au libre-échange, » disait alors le ministre, « et recherchez les palliatifs qui peuvent vous permettre de conserver votre exportation malgré le régime actuel qui est définitif. Au premier rang de ces palliatifs, figurent les ports francs et, si vous les demandez, nous sommes disposés à tout faire pour vous aider à les obtenir. »

M. Charles-Roux, alors député de Marseille, indiqua dans ses rapports de 1896 et 1897 sur le budget du Commerce, quels services pouvait rendre le rétablissement des ports ou zones franches et, dès 1898, trois propositions de loi, dues à l’initiative de MM. Louis Brunet, Joseph Thierry et Antide Boyer, furent