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étroitement leurs efforts, il ne saurait y avoir trop de centres d’action ni trop d’appels de fonds.

En outre de ces trois organismes, quelques initiatives seraient à signaler. Au nom de généreux amis que la France compte aux Etats-Unis, le Comité franco-américain pour les aveugles de la guerre, présidé par une bienfaitrice très connue des aveugles de New-York, se propose de venir en aide à une classe particulièrement intéressante de nos officiers et, soldats frappés de cécité, ceux qui, en raison de leur culture intellectuelle, doivent chercher pour leur activité un débouché autre que les métiers manuels. A Lyon-Villeurbanne, un atelier d’apprentissage a été ouvert par les soins de M. le maire Herriot. Tout ce qui existe en fait d’institutions d’aveugles est prêt à collaborer à la tâche commune avec un entier dévouement. Les aveugles de France ont connu une nouvelle et suprême détresse de leur infirmité, le jour où, sans eux, tous leurs compagnons d’âge sont partis pour la frontière, où ils se sont sentis inutiles à défendre la Patrie et la civilisation auxquelles ils doivent tant de fois plus que les autres. La seule consolation qu’ils sachent à cette douleur, est de tendre les bras aux malheureux qui ont perdu leurs yeux pour les protéger, de leur faciliter la tâche, si difficile, de se refaire une existence toute nouvelle à un âge où la vie a déjà marqué son pli. Les nouveaux venus seront les privilégiés dans la grande famille qui les accueille avec amour et gratitude. Eux du moins pourront se dire que, s’ils n’ont plus leurs yeux, ils les ont donnés pour une grande cause, qu’ils en ont fait le sacrifice volontaire.


P. VILLEY.