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Un des rares points faibles des États-Unis est leur marine marchande qui, au moins en ce qui concerne les navires destinés aux relations extérieures, ne se développe pas. C’est ainsi que, dans toute l’année 1914, il n’a été construit chez eux que 1 151 navires jaugeant 316 000 tonnes. Dans la même année, sur une entrée de 40 millions de tonnes dans les divers ports maritimes, il n’y en avait que 5 millions, le huitième, sous pavillon américain ; 20 millions étaient sous pavillon anglais. Les navires nationaux ne transportent que le dixième des exportations et des importations par mer. Le recrutement des équipages est très difficile.

Mais ceci n’a pas empêché le développement rapide du commerce. Tout d’abord, au sein de cette population qui égale celles de la France, de l’Angleterre et de la Belgique réunies, sur le territoire d’une confédération aussi vaste qu’une bonne partie de l’Europe, des échanges nombreux se poursuivent sans interruption. Ce sont les Américains eux-mêmes qui sont les principaux consommateurs de ce qui sort de leur sol et de leurs manufactures. Les salaires sont élevés ; les ouvriers et les fermiers habitués à une vie très large. C’est ainsi que l’exportation du blé américain qui, il y a une quarantaine d’années, jouait un rôle important dans l’alimentation européenne, diminue d’année en année. En 1902, les États-Unis exportèrent 75 millions de quintaux de céréales ; en 1911, 24 millions. La France, de son côté, ne leur en demande presque plus : au lieu d’importer une moyenne de 10 millions de quintaux, comme ce fut le cas de 1871 à 1900, elle n’en a importé que 3 millions de 1901 à 1910. Au point de vue des objets manufacturés, la demande intérieure va sans cesse en augmentant : c’est ainsi que le chiffre des automobiles en service dépasse, pour un seul État, celui des voitures qui circulent en France. Il s’élève pour le pays a deux millions. Dans le nombre figurent, en majorité, des véhicules de luxe, en sorte que des critiques assez vives ont été formulées contre cette dépense somptuaire. Nous n’en parlons que pour mettre en relief l’un des innombrables indices de la richesse publique. Celle-ci a été évaluée à 5 ou 600 milliards de francs. Des recensemens très détaillés (census) ont lieu à des intervalles réguliers et fournissent de précieux renseignemens.

Le commerce extérieur des États-Unis est très important,