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avaient dû entrer en liquidation et distribuer à leurs actionnaires une partie des titres de sociétés qu’elles avaient en portefeuille. La Cour de Trenton a reconnu que des combinaisons comme celles de la Corporation de l’acier sont légales, du moment où elles n’apportent aucune entrave au commerce et ne cherchent pas à établir un monopole. Depuis son origine en 1901, cette entreprise a augmenté ses affaires de 40 pour 100, tandis que, parmi les huit fabriques d’acier qui lui font concurrence, il n’en est pas une qui ait progressé de moins de 63 pour 100 ; l’une d’elles, la fameuse Bethlehem Steel, dont il a été si fort question depuis quelque temps, a accru sa production dans la proportion de 3 772 pour 100 !

Aujourd’hui les concurrens de la Corporation produisent les trois cinquièmes de l’acier qui se fabrique aux Etats-Unis, tandis qu’ils n’en fournissaient que la moitié en 1901. Le juge Buffington, qui a rédigé le rapport, déclare que la Corporation a beaucoup fait pour développer l’exportation à l’étranger et qu’elle y a réussi, non pas en prenant la place d’autres industriels américains, mais en ouvrant des marchés auparavant fermés aux Etats-Unis. Elle a été jusqu’à organiser une ligne de bateaux à vapeur qui transportent ses produits dans les régions du Nord-Ouest de l’Amérique Septentrionale.

La question des trusts n’a pas cessé de préoccuper le gouvernement américain. Le commissaire des corporations a été chargé d’étudier les effets des décisions judiciaires qui sont intervenues. C’est pour répondre à ce vœu qu’il vient de publier son rapport sur l’industrie du tabac, dans lequel il croit pouvoir conclure que, depuis la dissolution de la Compagnie dite Tobacco Trust, la concurrence s’est manifestée avec plus d’activité. Il en donne comme prouve l’augmentation du volume des affaires de certaines sociétés, autrefois englobées dans le trust et qui opèrent aujourd’hui indépendamment de lui. Mais peut-être cette indépendance est-elle plus apparente que réelle ; peut-être est-ce d’accord avec l’ancienne direction que le changement a eu lieu. D’autre part, les frais d’expédition et de publicité se sont accrus. L’auteur d’une étude sur la question estime que, contrairement à ce que pense le commissaire des corporations, on pourrait trouver, dans les chiffres publiés par lui, des argumens pour affirmer que, sous le régime du trust, de ce que les Américains appellent, la combinaison, les frais