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de certaines conditions, pour fonder des associations de circulation et émettre des billets gagés, non plus par des obligations fédérales, mais par du papier de commerce ou d’autres valeurs. C’était la première fois que ce principe, qui est admis par toutes les banques d’émission européennes, faisait son apparition dans la législation américaine.

Au 30 juin 1914, la circulation des 7 525 banques nationales qui existaient alors s’élevait à 722 millions de dollars, exclusivement garantis par des rentes fédérales. Deux mois plus tard, le 12 septembre, elle atteignait 918 millions, grâce à l’émission extraordinaire de billets autorisée par la loi de 1908. À cette date, l’actif des banques comprenait des valeurs diverses qui gageaient les billets non couverts par les fonds d’Etat. C’était la partie de la circulation qui formait en quelque sorte la transition vers le nouvel état de choses organisé par la loi de 1913. Celle-ci institue douze établissemens appelés banques fédérales de réserve, dont les banques nationales ont été invitées à devenir actionnaires. Ces banques nationales, dites alors Member banks, ont le droit de se faire escompter des effets de commerce par les banques fédérales : celles-ci leur remettent des billets qu’elles obtiennent elles-mêmes de la Trésorerie fédérale contre le dépôt de 40 pour 100 en or du montant réclamé. Les banques fédérales ont, comme les banques nationales, le droit d’émettre des billets gagés par des rentes ; elles sont même tenues de racheter annuellement un minimum de 25 millions de ces titres aux banques nationales. Le but de cette disposition est de faire disparaître graduellement la circulation de ces dernières, qui se verront ainsi retirer le seul fondement sur lequel elles l’appuyaient.

Voyons comment les choses se sont passées depuis le début de la guerre. À ce moment, la place de New-York était fortement ébranlée par les ventes considérables de titres américains venant d’Europe, qu’elle avait dû absorber, et par les grosses exportations d’or qui en avaient été la conséquence. Depuis le 31 juillet 1914, la Bourse était fermée. Le 3 août, le secrétaire de la Trésorerie annonça qu’il mettait 100 millions de dollars de billets à la disposition des banques ; le 4 août, le Congrès autorisa la délivrance de ces billets même aux banques nationales qui avaient une circulation inférieure à 40 pour 100 de leur capital, c’est-à-dire ne remplissant pas la condition exigée par