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pour une poursuite heureuse de la guerre, sans compter que, même sous le régime présent du service volontaire, une foule d’étudians et de jeunes maîtres de l’Université ont répondu à l’appel de leur pays ainsi que des Alliés de celui-ci.

Je suis, monsieur le directeur, votre bien fidèlement

W. P. PATERSON.


La lettre qu’on vient de lire exprime des sentimens si louables, et de tous points si conformes aux nôtres, que j’aurais été heureux de pouvoir me borner à la mettre simplement sous les yeux du lecteur, en laissant à celui-ci le soin de me disculper des reproches qui s’y trouvaient contenus à mon adresse. Mais comment ne pas relever, tout au moins, la grave erreur commise par l’éminent professeur écossais touchant le sens et la portée véritables d’un article où je n’ai nullement songé à l’accuser, non plus que ses collaborateurs, de s’être livrés à « une apologie passionnée de la civilisation allemande ? »

Qu’il me soit donc permis de rappeler, en deux mots, le contenu de l’article, ou plutôt de la seule partie de cet article qui se rapportait expressément au recueil publié sous la direction de M. Paterson ! J’y citais, en commençant, le texte même de la préface du recueil, où, après avoir signalé et déploré la tendance nouvelle des Allemands à se croire une race infiniment supérieure aux autres, M. Paterson écrivait ce qui suit :


Aussi n’est-il pas étonnant que, dans les conditions présentes, un tel effort de l’Allemagne à proclamer sa prééminence ait donné lieu chez nous à une tempête d’indignation et de railleries. Si fort est le ressentiment actuel de nos compatriotes que l’inanité des prétentions germaniques est devenue un thème populaire dans nos journaux, et que, même, des noms honorés ont bien voulu prêter l’appui de leur autorité à une théorie suivant laquelle, dans les domaines de l’art, de la littérature, et de la science, l’Allemagne n’aurait joué qu’un rôle de second plan. Mais pour compréhensible que soit, humainement, une telle attitude, est-elle pour le moins aussi injuste et déraisonnable que les ambitions énoncées par l’Allemagne dans ses pires accès de mégalomanie. Sans l’ombre d’un doute possible, les Allemands sont un des grands peuples de l’histoire, combinant en soi une partie des attributs intellectuels et esthétiques des anciens Grecs avec la sagesse pratique des anciens Romains ; et très riche a été leur contribution au trésor commun de l’humanité civilisée. Ils ont laissé leur empreinte, — et souvent une empreinte très profonde, — dans tous les départemens supérieurs de la vie et de l’œuvre de l’esprit humain. L’objet du livre que voici sera, précisément, d’offrir au public anglais un compte rendu quelque peu détaillé de ce que l’Allemagne a ainsi accompli dans les sphères principales de l’activité humaine, — avec un effort constant, de la