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militaire dont ces régions ont été à la fois le théâtre et l’objet.

Au milieu d’une population indigène d’environ 1 million il y avait 363 blancs dont 327 Allemands. Parmi les 8 cercles administratifs partageant cette terre, celui de Mangu, avec 225 000 habitans, était le plus peuplé.

Sans revenir sur ce que j’ai déjà dit du commerce de l’Allemagne avec ses colonies, il importe tout au moins de rappeler qu’en 1911, 327 bateaux d’un tonnage global de 577 000 tonneaux entrèrent et sortirent des ports côtiers du Togo.

La question des voies ferrées, si importante quand il s’agit d’une action militaire, ne se pose pas avec la même gravité sur le terrain colonial de cette guerre dont le monde lui-même marque les bornes. Toutefois, dans maintes circonstances, la possession du rail valut à l’un des adversaires, pendant la campagne du Togo, de grands avantages. Aussi, avant d’entrer dans les détails, crois-je utile de situer nettement les trois chemins de fer construits par les Allemands au Togo.

L’un va de Lomé vers Anecho. Cette ligne côtière mesure 45 kilomètres, en desservant successivement Bagida, Porto Seguro et Kpeme. Elle a un écartement de voie d’un mètre et fut construite en 1905.

Lomé, capitale du pays, est encore réuni par le rail à Agome-Palime. Par rapport à la côte, elle s’enfonce dans les terres en obliquant à l’Ouest vers la frontière anglaise du Gold Coast. Quoique mesurant 123 kilomètres, son rôle fut secondaire au cours des opérations militaires de 1914. Sa construction date de 1907.

Au contraire, la voie, terminée en 1911, qui de Lomé, tête de ligne des chemins de fer du Togo, monte droit au Nord et par-delà 163 kilomètres atteint Atakpame a rendu des services importans tour à tour à l’ennemi et aux nôtres.

Depuis le mois de juillet 1884 où Nachtigall après quelques combats avec les indigènes planta les couleurs allemandes sur cette terre nouvelle, la politique de Berlin ne fut jamais inactive. Une fois encore nous en trouvons une des manifestations les plus habituelles dans la construction énergique des chemins de fer dont l’intérêt stratégique comptait à l’égal des avantages économiques. D’ailleurs, guerre et commerce ne sont-ils pas tout pour ce gouvernement dont les arrière-pensées ne cessent d’être révélées chaque jour plus profondément ?