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déroulaient ces événemens, d’une herbe haute et fournie, d’une brousse peu élevée, mais presque toujours très épaisse. Aussi, maintenir la liaison entre des colonnes qui opéraient le long de la voie et des troupes qui agissaient le long de la route, puis les faire concourir à une action d’ensemble était un problème difficile sinon parfois même complètement impossible à résoudre d’une manière satisfaisante. On se trouve dans le cas d’une colonne utilisant pour s’avancer deux défilés étroits et continus, fréquemment séparés l’un de l’autre. Grâce au chemin de fer et à son matériel roulant, l’adversaire pouvait se trouver un jour à 50 kilomètres des Alliés et, la nuit suivante, faire irruption au milieu d’eux. Ils n’étaient pas pour cela encombrés par les embarras du portage et pouvaient être d’une extrême mobilité. La colonne expéditionnaire, au contraire, ne pouvait jamais marcher plus vite que son convoi, sans être obligée de s’arrêter pour le réorganiser.

Ainsi que l’a démontré dans son rapport le lieutenant-colonel anglais Bryant, chef de l’expédition, chasser d’une forte position soigneusement mise en état de défense, un adversaire bien armé, constituait une lâche extrêmement ardue, et qui exigeait des commandans de compagnie un jugement clair, beaucoup d’esprit d’initiative et de décision, en même temps que, de la part de tous, officiers et soldats, un très bel exemple de courage et de fermeté.

Il est à noter aussi que, pour la première fois, les troupes de l’Afrique occidentale étaient ainsi mises en présence d’un ennemi muni d’un armement moderne. L’officier anglais ajoutait cette réflexion, qui se rattache au début de notre exposé, que ce serait folie de penser jamais, suivant lui, qu’on pût opposer des troupes noires de l’Afrique occidentale à une armée européenne. La guerre en Europe a prouvé que, dans d’autres parties de leur empire colonial, l’Angleterre et la France ont pu trouver des auxiliaires aussi précieux par leur courage que par un dévouement absolu.

Nous l’avons dit, la côte constitua la base principale de notre offensive. Si Kamina n’avait ni par elle-même, ni par sa situation stratégique, aucune valeur, quelle fut donc la cause de son importance subite dès la déclaration de la guerre ? Ici, nous retrouvons la politique allemande dans une de ses manifestations bien connues. Procéder secrètement, grâce à des moyens